Vélos d’exception : quand Aston Martin et Lotus se tirent la bourre
Aston Martin .1R vs Lotus Type 136. Non, on ne parle pas de voitures, mais bien de vélos. Et pas n’importe lesquels. Ce sont des vélos rares, exclusifs, inaccessibles, aboutis. C’est le week-end, rêvons un peu…
En bref :
- Les Aston Martin .1R et Lotus Type 136 sont des vélos assez incroyables, chacun dans leur style
- L’Aston Martin a une esthétique folle grâce à un niveau d’intégration rarement vu. Une pièce de collection. Un pur produit de luxe.
- Le Lotus assume une orientation performance avec aérodynamisme et moteur ultra-léger. Une bombe.
Les fabricants automobiles sont de plus en plus nombreux à s’intéresser aux vélos. Ces dernières années, leurs initiatives fleuraient souvent bon la tentative de greenwashing pour contrebalancer l’image d’une industrie polluante. Mais ces derniers temps, on voit fleurir des stratégies plus intéressantes et un minimum ambitieuse.
On pourrait citer l’arrivée du Cargo Verso by Douze Cycles chez Toyota, la volonté de Porsche de créer de vrais vélos électriques pertinents, la signature de Mini avec Angell pour une future gamme d’eBikes, ou bien sûr la tentative de retour en force de Peugeot, fabricant de cycles historique, qui cherche à profiter du dynamisme du marché.
En regardant dans le rétro, on s’aperçoit que les fabricants de voitures haut-de-gamme et de sport sont les premiers à avoir tenté une incursion dans l’univers du vélo. Dernier exemple en date, Alpine (Renault) qui s’est associé à Lapierre autour d’un Aircode DRS à ses couleurs. Un vélo de route axé performance vendu 9000€. Mais il y a aussi eu Lamborghini, AMG, BMW, Audi, Mercedes-Benz…
Deux vélos d’exception
De performance il s’agit une fois de plus puisque nous avons vu la semaine passée deux fabricants de voitures de luxe et de sport présenter des vélos d’exception. Ces deux là, ce sont Aston Martin et Lotus, deux constructeurs britanniques aux modèles réputés pour leurs performances, leurs lignes sportives et, évidemment, leurs prix stratosphériques.
Sans surprise, dans les deux cas, leurs vélos cochent toutes ces cases : il s’agit de vélos de route aéro axés sur la performance ; ils adoptent des lignes très racées et font preuve d’un grand souci du détail en termes de design ; et personne (ou presque) ne pourra ne serait-ce qu’envisager de se les acheter.
Aston Martin .1R, la classe à l’état pur
Sur la voie de gauche (on va commencer à gauche, les anglais ayant décidé de rouler à l’envers…), on trouve l’Aston Martin .1R, qui pourrait parfaitement être le vélo de James Bond dans un monde sans pétrole pour propulser les engins de l’agent 007.
Ce vélo de route a été imaginé en collaboration avec J.Laverack, qui n’est autre qu’un artisan hors pair pour fabriquer des vélos sur mesure. Ici, le cadre mixe des tubes en fibre de carbone à des pièces en titane imprimées en 3D, avec un souci d’intégration des différents éléments et composants rarement vu.
Cela fait 4 ans que ce vélo est en développement et il est actuellement exposé pour la première fois au salon Rouleur Live 2023 de Londres. Fabriqué à la main au Royaume-Uni, le vélo n’est disponible à la commande qu’à partir d’une application qui permet d’en personnaliser certains éléments, à commencer par la peinture avec des choix plus ou moins audacieux.
Une peinture qu’il est possible de mixer avec des zones en carbone ou titane restant exposées, et que l’acheteur ira sélectionner dans la palette de couleurs des voitures Aston Martin. Oui, les riches esthètes disposant d’une Aston Martin pourront, s’ils le souhaitent, avoir un .1R assorti au garage.
Une intégration jamais vue pour les freins
Ne faisons pas la fine bouche, le vélo est absolument magnifique. Le point qui nous laisse bouche bée est l’intégration des étriers de freins à quatre pistons à la fourche et à la base arrière. Un niveau d’intégration que nous n’avions encore jamais vu.
Le cockpit n’est pas en reste, lui qui est tout intégré et profite également d’une alliance du carbone et du titane. La potence imprimée en 3D a, notamment, un profil unique et très élégant. Son lien avec le tube de direction ne laisse apparaître aucune vis. Le système est breveté. A la commande, le pilote du vélo pourra choisir la taille de son cintre sur mesure.
A l’opposé, la tige de selle en carbone profite là aussi d’une tête en titane, où vient se poser une selle Brooks C13 Cambium. On est en Angleterre, oui ou non ? Pour fini le tout, pédalier et manivelles sont là aussi exclusifs à ce modèle, qui laissera le choix à l’utilisateur en termes de transmission électronique (Shimano Dura-Ace Di2, Campagnolo Super Record Wireless ou SRAM Red eTap AXS). Les roues sont composées de jantes Aera Components tubeless, de rayons Sapin CX-Ray et de pneus Continental GP5000S TR de 30 mm de large.
Le vélo est livré numéroté, avec une male de voyage de luxe portant le même numéro, une pompe à pied customisée et une boîte d’outils en bois faite à la main. Son prix ? « Si vous vous posez la question, c’est que vous ne pouvez pas l’acheter », comme le résume parfaitement BikeRumor. Seule une configuration dans l’application peut le donner, et il sera quoi qu’il en soit de plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Lotus Type 136, l’eBike de route le plus léger
A ce petit jeu là, le Lotus Type 136 peut (peut-être) rivaliser. Encore que. Il coûte 2500€ par kilo et pèse 9,8 kg sur la balance. Quelque 25.000 euros, c’est ça. Lui, c’est un vélo de route à assistance électrique. Et selon Lotus, c’est le plus léger jamais commercialisé. Il associe à ce titre un cadre en carbone ultra-léger à un système de motorisation HPS ne pesant en tout est pour tout que 1,2 kg.
Son design est tout droit inspiré d’un autre vélo Lotus. Le 108. Un vélo de piste qui avait brillé sur le vélodrome des Jeux Olympiques de Barcelone, en 1998. Le Type 136 n’est donc pas seulement léger, il bénéficie d’une conception n’ayant pas oublié l’aérodynamisme.
C’est même l’une des spécialités de son principal concepteur, Richard Hill, qui n’a pas hésité à regarder comment sont faits les vélos qui gagnent actuellement sur la piste. On retrouve ainsi un guidon en forme de V, une fourche façon ailes et des bases voûtées.
Le moteur HPS Watt Assist Pro emprunterait, pour sa part, des technologies initialement développées pour Curiosity, le rover envoyé sur Mars. Il ne pèse que 300 grammes et est tout petit, ce qui lui permet de s’intégrer à un boîtier de pédalier standard. D’une puissance de 136 watts, il sera là pour assister le cycliste, pas le tirer sans effort.
Un moteur qui sait se faire oublier
L’avantage, c’est que la batterie est dissimulée dans un faux bidon. Il suffit de la déconnecter pour pouvoir rouler avec le vélo quasiment sans surpoids et sans contrainte mécanique, le moteur n’entraînant aucune résistance lorsqu’il est éteint. Totalement chargée, la batterie doit permettre d’assister le cycliste pendant environ 3 heures.
On ne retrouve pas exactement le même niveau d’exigence esthétique et d’intégration que sur le vélo Aston Martin, mais on est quand même en présence d’un vélo exceptionnel qui ne sera fabriqué qu’à 136 exemplaires, peints selon la palette de couleurs classique de Lotus, et équipés d’une transmission Campagnolo Super Record Wireless.
Si vous tenez vraiment à vous en payer un, sachez qu’une seconde fournée est prévue pour 2024 avec des transmissions SRAM. Il n’en coûtera alors qu’entre 18 et 20.000 euros. Pas assez cher, mon fils.
- Publié le 4 novembre 2023