Cinelli Nemo : un gravel baroudeur pour fêter le retour du « made in Milano »
Marque italienne historique, Cinelli affiche la fabrication italienne de ses vélos comme argument de vente. Elle peut désormais parler de fabrique milanaise pour certains modèles, comme le nouveau Nemo Gravel 2024.
En bref :
- Le Nemo Gravel 2024 est le premier vélo Cinelli à bénéficier d’une fabrication de son cadre en acier (tubes compris) à Milan.
- Un vélo très « Cinelli » dans l’esprit, sportif, moderne de par ses composants, rétro de par son look.
- Sans surprise, les vélos en circuits courts restent chers. Ce Nemo 2024 démarre à 4300€ en Shimano GRX 800.
Fondée en 1948 par l’illustre coureur Cino Cinelli, la marque de vélo du même nom a toujours cherché à cultiver sa différence dans l’industrie du cycle, où elle s’est aussi faite une place comme fournisseur de composants.
L’innovation est au cœur de son ADN, qu’il s’agisse de démocratiser les sangles « Binda » sur les pédales dans les années 60, de proposer la première selle à corps plastique, de lancer la première pédale à déclenchement rapide (1971) ou, encore, de propulser les coureurs sur piste vers la victoire aux Jeux Olympiques sur les iconiques Cinelli Laser.
Fabrique milanaise
Un fabricant qui, évidemment, suit les évolutions du marché du cycle et a accompagné l’essor du gravel (ces vélos de route équipés pour rouler même quand la route s’arrête). Un domaine dans lequel s’inscrit le Nemo, un vélo avec lequel Cinelli a une belle histoire à nous raconter.
Cette histoire, c’est celle du retour à la manufacture milanaise, après des années de communication autour de la fabrication italienne. En effet, suivant une tendance générale – et louable à tous points de vue -, la marque s’inscrit dans une volonté de raccourcir les circuits, réindustrialiser sur ses terres d’origine, se réapproprier un savoir-faire, limiter les pollutions liées à la fabrication de ses modèles.
Raison pour laquelle la fabrication de ses cadres en acier sont rapatriées au sein de son usine de milan, à proximité immédiate du fabricant de tube Columbus. L’aboutissement d’un projet initié en début d’année, marquant un véritable retour aux sources pour la marque (les pièces en acier de Cinelli étaient fabriquées dans sa ville d’origine jusque dans les années 80).
Des bienfaits dont profite le Nemo 2024
Résultat, l’empreinte carbone liée à l’usinage des cadres est réduite, les processus de fabrication sont mieux maîtrisés et plus durables, tandis que le SAV peut être entièrement traité sur place. Mais ce n’est pas tout, Cinelli rapproche ainsi les équipes de conception/design et de fabrication, ce qui permettra à l’entreprise d’innover tout en insistant sur une production exclusive et haut de gamme.
Quel autre vélo qu’un magnifique gravel néo-rétro pouvait représenter cette nouvelle approche ? Le Nemo Gravel 2024 est, ainsi, le fruit d’échanges directs entre ingénieurs et ouvriers (on pourrait presque parler d’artisanat). On y retrouve une esthétique simple mais affirmée, à travers une géométrie très sportive devant aboutir sur des sensations de pilotage marquées.
Par rapport aux précédentes versions, le travail au niveau du triangle arrière et des fourches proposées (rigide en carbone monocoque ou suspendue avec un petit débattement hydraulique de 20 mm) agrandit les passages de roues pour accepter les pneumatiques jusqu’en 700×47. Les clients auront donc le choix en fonction de leurs tracés de prédilection et de la recherche de confort/performance, tout en ayant l’assurance de pouvoir chausser assez large. La fourche suspendue reste une option malgré tout, et pas donnée : il en coûtera 800€ supplémentaires.
Le Nemo Gravel 2024 est vendu en kit cadre au prix de 2600€, et en premier prix tout équipé à 4300€ avec un groupe Shimano GRX 800 12 vitesses et des roues Fulcrum Red 500 DB. C’est 100€ de plus du 2×12 vitesses, et 4500€ pour un groupe électronique Sram Rival XPLR eTap AXS 12 vitesses et des roues Fulcrum Rapid Red 500 DB. Comptez 4900€ pour du Campagnolo Ekar 13 vitesses.
Le circuit court, un récit réservé au haut de gamme
Bien sûr, nos sociétés ont besoin de plus de vélo, à tous points de vue (décarbonation des transports, santé publique, développement économique, etc.). Imaginer que l’on puisse faire la révolution cycliste sans une part de mondialisation, dans une économie de marché globale, tient du fantasme. La réalité, c’est que le marché a besoin de vélos accessibles, en volume, même s’ils doivent être en grande partie fabriqués ailleurs, en acceptant un mode de production moins vertueux.
Mais nos sociétés ont aussi besoin de se réindustrialiser et de réapprendre à fabriquer des vélos localement. L’Italie, comme la France et de nombreux pays européens, y travaille. C’est logique et bénéfique, même si l’usinage compliqué des cadres et les coûts de production plus élevés font que le mouvement est inauguré par Moustache avec un J dont la version la moins chère s’affiche à 5200€, par Douze Cycles avec un Toyota Cargo Verso à 6500€, ou ici par Cinelli avec un Nemo Gravel à partir de 4300€.
En espérant qu’à terme, ce savoir-faire réapproprié permettra de voir arriver sur le marché des vélos fabriqués en circuits courts à des prix abordables. C’est un objectif déjà énoncé par le gouvernement français, sans échéance précise, mais qui trouve écho chez les marques nationales. Outre la Manufacture française du cycle – qui assemble en France cadres et composants venant d’Asie -, de nombreux ateliers et usines s’y préparent, même si le contexte inflationniste, les incertitudes macroéconomiques et le réajustement du marché du cycle post-covid tempèrent cet enthousiasme.
Source : Le Cycle
- Publié le 15 novembre 2023