Tête à tête avec l’Ebii, le vélo électrique original d’Acer
Nous sommes partis à la découverte du premier vélo d’Acer. Oui, nous parlons bien du fabricant informatique. Il s’appelle Ebii. Il est électrique et connecté. Le voici.
En bref :
- Acer commercialisera au printemps 2024 son tout premier vélo électrique, baptisé Ebii.
- Un vélo aux roues 20″, compact, qui mise sur une bonne dose de « tech » pour se faire remarquer, en plus d’un look bien à lui.
- Les premières impressions à son guidon vont à l’encontre de nos préjugés et s’avèrent plutôt rassurantes. A confirmer.
Pour incompatibilité d’agenda, nous avions manqué la présentation de l’Ebii à la presse au mois d’octobre dernier. Qu’à cela ne tienne, Acer nous a accordé un après-midi en tête à tête avec son premier vélo électrique. L’occasion de nous familiariser avec un vélo original, très « tech » dans son ADN, regorgeant de fonctionnalités connectées. Evidemment, nous avons aussi pu aborder la partie cycle avant de pouvoir effectuer quelques tours de quartier à son guidon.
Le rendez-vous était donc donné à Asnières-Sur-Seine, dans les bureaux du 5e fabricant informatique mondial. Parler vélo entouré de dizaines d’ordinateurs portables, écrans, tablettes et périphériques a quelque chose d’assez particulier, et pourtant, en discutant avec Quentin Le Sourd, chef de produit, on comprend qu’il n’est pas si étonnant de voir Acer s’aventurer sur le marché du cycle.
Un premier vélo vitrine
Ce que l’on peut analyser comme un révélateur de plus de l’importance qu’est en train de prendre le vélo dans nos sociétés nous ramène en réalité à des domaines d’activité que le groupe Acer touchait du doigt depuis un moment déjà.
On pense notamment à sa filiale MPS qui produit des batteries pour des engins de mobilité électrique, y compris des vélos. Elle fabrique même des moteurs qui, pour certains modèles, équipent déjà des VAE. Il y a aussi la marque Xplova que le groupe exploite en Asie et qui fabrique des cuissards, des lunettes, des home-trainers ou encore des compteurs pour vélos.
Et puis rappelons que Acer est une entreprise taïwanaise. Or, si Taïwan est le poumon de l’industrie informatique, il est aussi le centre névralgique mondial de l’industrie du cycle.
Tout cela nous amène donc à l’Ebii – qui se prononce [ibi]. Un vélo qui ne passe pas inaperçu. Première réflexion : il est plaisant de voir un acteur externe au marché du cycle comme Acer arriver en proposant quelque chose d’assez original. L’Ebii veut se faire remarquer et est tout sauf un vélo en marque blanche sur lequel la marque se serait contentée d’apposer son logo.
Un design tout en modernité
On découvre en effet un vélo aux caractéristiques physiques et techniques assez sophistiquées, même si rien de tout cela n’est vraiment nouveau. La conception monotube (en aluminium), le recours à une fourche monobras, le format compact avec un faible empattement et des roues de 20″, le design épuré avec passage interne des câbles… Tout ça confère à l’Ebii un style urbain très moderne.
Avant de le voir en vrai, nous fiant uniquement aux photos du vélo, nous le trouvions « futuriste ». Après l’avoir vu, touché et roulé dessus, nous le trouvons simplement en phase avec son époque et son positionnement résolument « tech ». Tout le monde ne se retrouvera pas forcément dans cette proposition osée, mais l’Ebii a un vrai capital sympathie pour jeune urbain branché (oui, on sait, on ne dit plus « branché » depuis 1996, mais c’était pour le jeu de mots avec « connecté »).
Notons que la potence n’est pas réglable et qu’une seule taille de cadre sera proposée au lancement. L’Ebii peut convenir, selon Acer, aux cyclistes mesurant entre 145 et 185 cm. Tout en haut de cette fourchette, nous pouvons effectivement pédaler sans problème sur le vélo.
Nous ne serions pas contre quelques centimètres de reach en plus (la distance séparant l’axe du pédalier et le tube de direction), pour affirmer une position un peu plus engagée et gagner en contrôle, mais pour de l’urbain, ça passe. D’autant plus que le cintre plat encourage une position légèrement inclinée vers l’avant. Entre 160 et 175 cm, ce sera « idéal ».
Des choix intéressants
En approfondissant les choix esthétiques du vélo, on se rend compte que certains d’entre eux pourront avoir des implications pratiques intéressantes. Par exemple, le moteur du vélo étant positionné sur le moyeu de la roue avant, le fait d’utiliser une fourche monobras facilite l’accès à cette unité d’entraînement, ce qui rendra d’éventuelles opérations de maintenance plus aisées.
Autre exemple, les bandes de leds personnalisables de part et d’autre du cadre permettront – outre le côté geek – d’accentuer la visibilité du vélo sur la route. Acer nous explique avoir même pensé, à la base, projeter sur la route l’espace de sécurité du vélo. Une sorte de « bande de roulement » lumineuse délimitant sa place sur la chaussée. Une fonctionnalité finalement non implémentée, car non conforme.
On remarque également assez vite certains oublis sur le vélo qui nous est présenté. Où sont les garde-boue ? Qui dit vélo urbain. Vélo de tous les jours. Dit forcément garde-boue. Ils seront montés de base sur les vélos livrés aux acheteurs. Ouf, nous voilà rassurés. Un porte-bagage sous forme de rack pourra également être installé à l’avant. Une petite béquille double est, elle aussi, livrée de série.
Surprise en découvrant les pneumatiques de 50 mm de section utilisés. On peut y lire « Airless System ». Oui, il s’agit bien de pneus pleins anticrevaison de marque Air Fom, sans chambre à air, ne nécessitant aucun entretien ou gonflage. Ils sont, de plus, recyclables. L’utilisation d’un matériau très dur au centre et d’un polyuréthane plus souple sous le pneu en caoutchouc vise à reproduire le comportement d’un pneu traditionnel, avec un peu de flexibilité pour permettre à la gomme de travailler, et adoucir autant que possible les aspérités de la route malgré tout.
Manque de chance, autour des locaux d’Acer, toutes les voiries sont dans un état irréprochable. On ne peut donc pas vous dire ce que cela donne sur des routes un peu plus cahoteuses, mais les sensations sont étonnamment bonnes sur ce court essai. On s’interroge néanmoins sur la durée de vie de ces pneus, le coût de remplacement, la possibilité de réutiliser la jante, etc.
Un mot enfin sur la transmission monovitesse, assurée par une courroie, ce qui colle avec les velléités urbaines et haut de gamme du vélo. Sa polyvalence sera améliorée par l’assistance électrique. Quand au freinage, il est assuré par des freins à disque hydrauliques Bengal Ares 7+.
« Sur les vélos finaux, les plaquettes seront compatibles Shimano. Nous nous sommes rendus compte que les pièces initiales n’étaient pas facile à trouver, or vu que les plaquettes seront certainement la première chose que les acheteurs auront à changer, nous avons préféré opter pour quelque chose de standard », nous explique Quentin Le Sourd. Bien vu.
ebiiGO, l’appli intelligente
Le tour du vélo effectué, on peut passer à la partie tech. Et vous allez le voir, il y a pas mal de choses à dire. Après tout, Acer a décidé de présenter l’Ebii comme « le vélo électrique intelligent ».
Cela commence avec le radar de recul présent sur le tube de selle, capable (tout comme un Garmin Varia) d’annoncer au cycliste les véhicules arrivant par l’arrière. Ca se poursuit avec l’afficheur led à points joliment intégré à la potence, qui affiche la vitesse, le niveau de batterie restant, le niveau d’assistance sélectionné, etc. Dommage, une seule information peut être affichée à la fois. Mais cet afficheur pourra être complété par le smartphone.
En effet, juste en dessous, on devine une trappe cachant un port USB-C. Il permet de charger le téléphone que l’on sera invité – si on le souhaite – à glisser dans un support guidon. Car oui, l’application ebiiGO qu’a développé Acer pour accompagner son Ebii est très complète et fera partie intégrante de l’expérience d’utilisation.
Outre les principales informations en cours d’activité et l’accès aux multiples réglages du vélo, elle intègre une solution de navigation GPS, permet de gérer les fonctionnalités antivol (avec géolocalisation, alerte, verrouillage automatique bluetooth…) et apporte de l’intelligence artificielle à la gestion de l’assistance électrique.
De l’IA pour l’Ebii
On a pu y créer notre profil de cycliste, ce qui permet déjà de moduler le comportement du moteur. On peut en effet choisir la vélocité des démarrages, la vitesse à laquelle on aime rouler, privilégier un profil économe en batterie, etc. Des informations qui vont être prises en compte par Smart Assist, nom donné aux algorithmes qui analysent le profil de la route ainsi que la cadence et la force de pédalage pour que le vélo réagisse comme il faut en fonction de la situation.
Mieux, lors du calcul d’un trajet, l’application fait une estimation de la consommation de la batterie et du temps de parcours et propose un choix parmi trois options (eco, smart, boost). On peut donc avoir défini son profil mais tout de même opter pour un trajet optimisé et rapide si l’on est en retard à un rendez-vous, tout en s’assurant d’avoir assez de batterie pour rentrer chez soi en choisissant l’option la plus économique le soir. Le tout avec un vélo capable d’anticiper le dénivelé du trajet à venir.
Bref, il faudra voir comment tout ça se matérialise au quotidien dans l’utilisation du vélo lors d’un essai longue durée, mais Acer a visiblement très bien pensé la gestion de l’assistance électrique.
On est toujours dubitatifs quand on commence à nous parler d’IA dans le vélo, plutôt qu’évoquer simplement la cartographie du moteur et l’ajustement en fonction des algorithmes liés aux capteurs, mais il y a visiblement ici un vrai travail pour rendre l’assistance intelligente. Cela nous rappelle le fonctionnement du vélo iWeech, avec son application intelligente qui adapte l’assistance en fonction du parcours et du niveau de batterie.
Premières sensations rassurantes
De la même manière, il est bien trop tôt pour vous livrer un véritable avis sur l’agrément de conduite. Nous pouvons juste dire que nous arrivions avec pas mal de préjugés sur les moteurs roue avant, mais que ce petit moteur moyeu (1,8 kg sur la balance) développant 40 Nm de couple nous a semblé pouvoir bien emmener les 23,5 kg de l’Ebii. Eh oui, il fait son poids malgré les apparences.
Ce (trop) court essai nous a en tout cas rassurés sur la rigidité du vélo malgré sa « géométrie » des plus particulières et nous a permis d’apprécier la maniabilité d’un vélo qui promet d’être assez joueur en ville. En effet, avec son faible empattement et ses petites roues, il devrait pouvoir se faufiler partout avec des changements de direction très vifs et des relances qui nous ont paru pouvoir être assez puissantes.
La batterie embarquée d’une capacité de 460 Wh pourrait fournir, selon Acer, jusqu’à 110 km d’autonomie. C’est évidemment beaucoup compte tenu de sa taille, et ce sera sans aucun doute moins en pratique. Amovible, cette dernière peut faire office de « powerbank » grâce à des ports USB-C qui pourront alimenter un ordinateur portable ou recharger un smartphone. Logique pour un fabricant informatique. Le vélo sera livré avec un chargeur rapide 4A, qui devrait assurer une charge de 0 à 100% en 2h30.
Une note qui s’annonce assez salée
Acer France espère pouvoir commercialiser les premiers exemplaires de son Ebii au printemps prochain (mars/avril 2024) à un prix qui, s’il n’est pas encore définitivement scellé, n’excèdera pas les 3999€. Un niveau de prix où l’on retrouve, par exemple, l’innovant Go Cycle, vélo pliant électrique, lui aussi à moteur avant, lui aussi à fourche monobras, positionné sur le haut de gamme avec un cadre suspendu en composite et des jantes en magnésium, 3 vitesses intégrées au moyeu et un poids de 17,6 kg.
Les équipes françaises en charge de l’Ebii espèrent néanmoins que le produit pourra être proposé à un tarif plus compétitif. Nous connaîtrons son prix de vente final dans quelques mois, au moment, peut-être, de disposer du vélo sur une plus longue période pour vous en proposer un test complet.
- Publié le 14 décembre 2023