HubUR Boon H2 : le vélo à hydrogène qui sent le soufre
Nous avons pu apercevoir le vélo à hydrogène Boon H2 de la société HubUR sur le salon VivaTech. Résultat des courses : on ne sait vraiment pas quoi en penser.
En bref :
- Le vélo HubUR Boon H2 fonctionne avec une bonbonne d’hydrogène et une pile à combustion pour faire tourner le moteur moyeu arrière.
- Le vélo est fourni avec un générateur d’hydrogène qui fonctionne à l’eau distillée et l’électricité pour remplir les bonbonnes à domicile. Il faut 5 heures pour recharger une bonbonne.
- Annoncé avec une autonomie de 50 km, l’HubUR Boon H2 sera vendu environ 5500 € avec deux bonbonnes.
La société HubUR profite du salon VivaTech 2024 qui se déroule actuellement à Paris pour présenter son premier vélo à hydrogène : le Boon H2. Ce modèle remplace les traditionnelles batterie Lithium-Ion par une bonbonne d’hydrogène et une pile à combustible. C’est cette dernière, embarquée sur le vélo, qui va convertir l’hydrogène en électricité.
L’entreprise veut répondre à la problématique du recyclage et de la fabrication de batteries Lithium-Ion, mais les représentants sur place ont été incapables de quantifier les métaux rares nécessaires pour la fabrication de la pile à combustible et du générateur d’hydrogène. On ne sait donc pas si ce système est réellement plus écologique qu’une batterie Lithium-Ion.
Aujourd’hui, les piles à combustible présentes sur le marché fonctionnent pendant 10 000 heures au maximum. A raison de 2 heures de vélo par jour, le vélo devrait ainsi pouvoir fonctionner pendant 5 000 jours, soit un peu plus de 13 ans.
En comparaison, les batteries au Lithium-Ion se contentent de quelques centaines de cycles, entre 500 et 800 cycles pour la plupart des modèles – jusqu’à un peu plus de 2000 cycles pour les meilleures. A raison de 3 cycles par semaine, la plupart des batteries ont une durée de vie comprise entre 3 et 5 ans. Les meilleures, comme celles équipant certains vélos de Giant, promettant 2300 cycles, peuvent fonctionner plus de 10 ans.
Un générateur d’hydrogène à domicile
Le vélo est fourni avec un générateur d’hydrogène domestique qui permet de fabriquer de l’hydrogène à partir d’eau distillée (H2O) et d’électricité. On peut ainsi séparer les molécules d’oxygène (O) de celles d’hydrogène (H2) afin de déplacer ces dernières dans une bonbonne sous pression. Il faut environ 5 heures pour recharger entièrement la cartouche. A noter que ce générateur n’était malheureusement pas visible sur le stand HubUR.
La bonbonne est sous basse pression à 10 bars (bien moins qu’une bouteille de plongée, de 150 à 300 bars) et elle pèse tout de même 2 kg. Le vélo est livré avec deux bonbonnes ce qui permet de doubler l’autonomie. Là encore, il nous a été impossible de prendre en main la bonbonne. La seule présente sur le stand est montée sur le vélo et il n’est pas possible de la retirer. Le fabricant annonce une autonomie de 50 km sans préciser le niveau d’assistance utilisé.
HubUR proposera également un kit de panneaux photovoltaïques afin d’assurer une recharge plus écologique des cartouches d’hydrogène.
Un vélo qui ne fait pas vraiment envie
Pour le reste des composants, on ne peut pas dire que le vélo fasse rêver. On est sur un vélo d’entrée de gamme avec un cadre en aluminium, un moteur moyeu arrière (sans plus de précision), un dérailleur Shimano Tourney 7 vitesses, des freins à disque mécaniques et une fourche télescopique… qui n’a pas été regonflée après le transport. Le vélo présenté sur le stand n’a tout simplement pas de couronne sur le pédalier et ne peut pas rouler.
Le vélo Boon H2 de HubUR affiche un prix de 5500 €… de quoi rebuter les particuliers. C’est pourquoi HubUR vise essentiellement les entreprises et les collectivités, même si elle reste ouverte à la vente pour le grand public. La société espère vendre 1000 vélos hydrogènes avant la fin de l’année.
Rappelons par ailleurs que les vélos à hydrogène Alpha de Pragma Industrie circulent déjà dans les rues de Cherbourg, Saint-Lô et Chambery. Ils peuvent être rechargés en 2 minutes via des stations disséminées en ville. La technologie de HubUR n’a donc rien de réellement nouveau en elle-même.
HubUR, entreprise spécialisée dans… les espaces partagés
L’entreprise HubUR n’est d’ailleurs pas vraiment spécialisée dans la mobilité, mais dans la création d’espaces de co-working, de micro-activité, de télétravail associés à des pôles d’activité. Elle veut proposer des solutions de mobilité verte pour faciliter l’accès à ces espaces de travail partagés. Son vélo à hydrogène est ainsi un complément à son activité principale, qui reste, si l’on en croit le site Internet, principalement basée dans les environs de Madrid en Espagne.
La boutique en ligne d’HubUR ne fait par ailleurs pas vraiment sérieux… A l’heure d’écrire ces lignes, aucun produit n’est proposé et certaines pages renvoient une erreur 404, de quoi laisser penser que ce vélo à hydrogène ne restera peut-être qu’un doux rêve qui aura eu le mérite d’attirer l’attention sur cette entreprise. On espère se tromper.
- Mis à jour le 24 mai 2024