Quel est l’impact du poids sur l’autonomie d’un vélo cargo électrique ?
Il peut être difficile d’évaluer l’autonomie d’un vélo cargo, amené à transporter de lourdes charges. À quel point l’endurance d’un vélo cargo électrique sera-t-elle impactée par le poids ? Nous avons mené des tests pour le savoir.
Estimer l’autonomie d’un vélo électrique est assez difficile. Le nombre de critères qui sont à prendre en compte son nombreux : capacité de la batterie, mode d’assistance utilisé, dénivelé, température, vent, type de pneus, poids du vélo, poids du cycliste, poids de ce qu’il transporte… Autant de variables qui compliquent la tâche.
Chez Transition Vélo, nous testons des vélos classiques et des vélos électriques. Pour les premiers, l’autonomie dépend uniquement du cycliste, c’est facile. Pour les seconds, les paramètres sont donc beaucoup plus nombreux. Et pour comparer, mieux vaut avoir une base commune qui met tout le monde sur un pied d’égalité.
Récemment, nous nous sommes aperçus que nous manquions de cohérence dans nos tests d’autonomie de vélos cargos. Ces vélos – bien souvent électriques – capables de transporter beaucoup de poids ont une palette d’usage très vaste. Nous sommes 3 à tester des vélos sur Transition Vélo. Il nous fallait donc nous mettre d’accord sur un protocole à suivre.
Définir un protocole
Première question que nous nous sommes posée : faut-il faire notre test avec un vélo chargé à bloc ? à vide ? avec le pilote seul ? Et pourquoi pas les deux ? Pour nous décider, nous avons donc choisi de mener des essais à l’occasion du test du Cannondale Cargowagen Neo 1. Un vélo électrique longtail équipé d’un moteur Bosch Cargo Line, référence du segment. Un moteur accompagné en plus de la batterie 725 Wh de Bosch, l’une des plus grosses actuellement.
Ce VAE costaud promet de transporter jusqu’à 200 kg, poids du vélo et du cycliste compris. Avec un Cargowagen de 39 kg et un cycliste de 65 kg habillé, cela laisse un peu moins de 100 kg de marge. Nous avons choisi (un peu arbitrairement certes) de ne pas aller chercher la capacité maximale du vélo. Nous préférons prendre comme référence le poids moyen de 2 enfants de 5-6 ans, soit 40 kg.
N’ayant pas ces 2 enfants sous la main au moment de notre test, nous avons dû nous creuser les méninges pour trouver 40 kg de marchandise. Chez Transition Vélo, nous croyons beaucoup au recyclage et nous sommes tombés sur un stock d’antivols découpés pour les besoins de nos tests. Coup de chance, nous en avons désormais plus de 40 kg (on ne chôme pas). Ne reste plus qu’à les charger dans des sacoches et à accrocher le tout à notre longtail Cannondale. Un modèle qui nous a heureusement été prêté avec la sacoche de la marque, qui offre une énorme capacité. Une sacoche Vaude complète le tout. Nous avons un peu dépassé les recommandations de poids maximum pour ces deux sacoches, mais la science exige des sacrifices.
Pour nos tests de vélos électriques, nous évaluons systématiquement l’autonomie avec le mode d’assistance le plus élevé. Cela nous permet d’obtenir une autonomie minimale, mais également de ne pas avoir besoin de rouler trop longtemps pour épuiser la batterie. Le test d’autonomie est réalisé indépendamment de tous nos autres trajets durant l’essai du vélo.
Nous avons également choisi un parcours sans trop de dénivelé. Dans le Luberon, où notre test a pris place, « pas trop de dénivelé » reste une notion assez complexe. Heureusement, nous avons à proximité l’Eurovelo 8 et sa piste cyclable plutôt plate. Un parcours en outre parsemé de chicanes et autres barrières que nous détestons habituellement, mais qui nous permet ici de varier le rythme de roulage et de ne pas être en permanence à une allure de croisière.
Le test
Nous avons donc réalisé le même parcours 2 fois. Lors de notre première virée, à vide, nous sommes parvenus à rouler 58 km avant de passer sous les 10 % de batterie. Après avoir rechargé la batterie entièrement et avoir fixé nos lourdes sacoches au porte-bagage du Cargowagen Neo, nous voilà partis pour une seconde sortie. Cette fois, la barre des 10 % est atteinte après un peu moins de 53 km.
En ajoutant nos 2 enfants de 6 ans composés de morceaux d’antivols, soit 40 kg, l’autonomie du vélo cargo a varié de 10 % environ. Avec le surplus de poids, notre parcours a été réalisé à une allure légèrement plus lente : 22 km/h de moyenne, contre 23 km/h à vide. Le tout avec une température comparable au moment des deux sorties.
De son côté, Bosch propose un calculateur d’autonomie pour ses VAE. Un outil que nous trouvons très complet et qui propose d’ajuster beaucoup de paramètres. En entrant ceux que nous avons relevés, nous nous sommes tout simplement aperçus que nous sommes presque exactement dans les ordres de grandeur donnés par le fabricant allemand. Certes, le calculateur nous donne une autonomie qui devrait être supérieure à celle que nous avons obtenue dans les deux cas, mais l’écart en ajoutant 40 kg de charge est d’environ 10 % également.
Conclusion et limites
L’impact du poids sur l’autonomie d’un vélo cargo est moins importante que ce que nous anticipions. Il convient tout de même de garder à l’esprit que nous n’avons finalement fait varier qu’un seul des paramètres ici, le poids, et que dans d’autres circonstances, on pourra obtenir un écart plus important. D’après l’outil de calcul proposé par Bosch, ajouter 40 kg à son vélo cargo sur un parcours de « moyenne montagne » donc, bien plus vallonné, aura une incidence plus importante. En effet, le fabricant allemand indique un écart de 20 % environ.
Le vélo cargo est néanmoins aujourd’hui plutôt un véhicule adopté dans les grandes villes et les milieux urbains denses, donc généralement peu vallonnés. Nous nous appuierons donc sur un test tel que nous avons réalisé à vide pour nos futurs tests de vélos cargos.
Notez également que ces observations sont vraies pour les vélos équipés de moteurs Bosch, et plus particulièrement du moteur Performance Cargo. Ce dernier est assez proche du Performance Line CX du motoriste allemand et développe jusqu’à 85 Nm de couple pour une puissance en crête qui atteint 600 W en crête. Le modèle Cargo grimpe en revanche à 400 % d’assistance, contre 340 % pour le CX.
Nous ne pouvons pas vraiment conclure qu’il en sera de même pour les vélos cargos électriques équipés de moteurs Shimano EP8 ou EP6 et encore moins pour les modèles à moteur moyeu comme le Decathlon Velocargo R500E. Ne reste plus qu’à reproduire l’expérience avec d’autres modèles, donc. Nous gardons précieusement nos cadavres d’antivols.
- Publié le 12 septembre 2024