Vélo et société

Violence sur les routes : après la mort du cycliste Paul Varry, le gouvernement lance une mission

Après avoir réuni les associations cyclistes, le ministre des Transports a annoncé la création d’une mission sur les violences routières en réaction au tragique décès du jeune cycliste Paul Varry, écrasé par un SUV à Paris.

© Unsplash – Bastien Nvs

En bref :

  • La mort de Paul Varry, écrasé par un SUV, a suscité une véritable émotion dans la société et poussé le gouvernement à réagir.
  • Le ministère des Transports va lancer une mission qui devra remettre des propositions pour lutter contre les violences routières, abordant tous les aspects du problème, de la prévention jusqu’à la réponse judiciaire.
  • Les associations en profitent pour mettre la pression sur l’exécutif, alors que le budget doit geler les dotations publiques au Plan Vélo.

En 2023, 226 cyclistes sont tragiquement morts sur les routes de France. Ces derniers jours, un terrible événement a suscité recueillement, colère et indignation au sein de la communauté cycliste, et plus largement encore : le décès de Paul Varry. Ce jeune cycliste de 27 ans, vélotafeur et militant pour le développement du vélo au sein de Paris en selle, a été volontairement écrasé dans le VIIIe arrondissement par un automobiliste de 52 ans, père de famille accompagné de sa fille, conduisant un SUV Mercedes.

Un drame qui condense tout ce contre quoi Paul se battait, lui qui rêvait de villes à la circulation apaisée où les cyclistes se déplacent en sécurité. Pressé, violent, cet automobiliste lui a coupé la route, l’a mis en danger, et le seul tort de Paul dans cette histoire est de lui avoir fait remarquer, en touchant son véhicule. L’altercation – tristement commune – a cette fois-ci tourné au drame.

Le rôle des pouvoirs publics

L’émotion suscitée par cet événement a placé les tensions entre usagers de la route au centre des débats ces derniers jours, démontrant une fois de plus que les transformations en cours en matière de mobilité ont beau être bénéfiques pour la société, la santé et la planète, elles génèrent des crispations très fortes pouvant aller jusqu’au pétage de plomb sanguinaire. Et nous voyons bien, dans ces discussions, que l’apaisement n’est pas à l’ordre du jour.

Nous l’espérons très sincèrement, les mentalités continueront à évoluer favorablement autour des déplacements à vélo. C’est le sens de l’histoire. Mais il est certain que les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer dans cette optique.

Cela a commencé bien sûr. Paris, théâtre de ce sordide « fait divers », est devenue en quelques années une ville cyclable, certes imparfaite, mais tellement mieux aménagée qu’elle ne l’était il y a encore 10 ans. Et si Paul Varry ne montera plus jamais sur son Brompton, il faut savoir reconnaître que la sécurité par le nombre et celle apportée par les aménagements cyclables fonctionne. Toute victime est un décès de trop, mais la mortalité cycliste à Paris est quasi nulle. Alors que paradoxalement la violence est quotidienne.

Une mission, des propositions

Dès lors, il est heureux d’apprendre que le gouvernement va lancer une mission contre la violence routière. Cette mission a été annoncée par le ministère des Transports hier, lundi 21 octobre 2024, à l’issue d’une réunion avec les principales associations cyclistes. Elle s’intitule « Contre les violences, protéger tous les usagers de la route » et durera quatre mois. Sans qu’on ne connaisse encore son nom, elle sera dirigée par une personnalité au plus proches des enjeux liés aux mobilités.

S’appuyant notamment sur les statistiques et l’expertise des associations d’usagers, cette mission « aura vocation, au-delà des bilans et facteurs d’accidentalité, de mettre en évidence le sentiment d’insécurité des cyclistes et des autres usagers de la route et de caractériser les comportements violents sur la route », explique le gouvernement. Au terme de celle-ci, des propositions seront formulées assez largement autour de l’éducation routière. Amélioration des aménagements de voirie et prévention seront également des enjeux très importants.

Enfin, et cela semble plus que jamais essentiel, la réponse judiciaire aux comportements violents sur la route sera évaluée et débattue. Car comme l’ont exprimé les représentants de plusieurs associations de défense du vélo : les violences sont combattues partout dans la société mais elles sont encore aujourd’hui acceptées sur la route, la violence entre usagers étant quotidienne, quel que soit leur moyen de transport.

« Mon objectif est clair: ne pas opposer les modes de transports, mais réfléchir à un partage harmonieux de l’espace urbain et ainsi garantir un meilleur usage de nos routes pour tous les usagers, qu’ils soient en voiture, à vélo ou à pied », déclare le ministre François Durovray.

Et le Plan Vélo ?

Un discours qui ne devra pas en rester aux belles déclarations mais dont chacun attend qu’il se concrétise en actes. Pour Paul. Pour tous les autres usagers de la route victimes de violence. Et ce à un moment où l’on découvre que le futur budget de l’Etat pourrait, de manière incompréhensible, geler toutes les dotations publiques au Plan Vélo.

Sources : Le Parisien ; Le Figaro ; Reporterre

  • Publié le 22 octobre 2024

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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