Vélo et société

Le vol de vélo, deuxième frein à son adoption

Tous ceux à qui c’est arrivé vous le diront : se faire voler son vélo, c’est une bien triste expérience. C’est même l’une des principales craintes de ses usagers. Toutefois, les antivols – physiques et technologiques – progressent, tandis que les assurances s’adaptent.

Un vélo de ville attaché à une barrière avec un antivol.
Un vélo de ville attaché par son cadre et la roue avant à l’aide d’une chaîne. (Image libre de droits)

Dans une étude publiée le 6 avril dernier, l’Adma (Académie des mobilités actives) s’est intéressée au phénomène du vol de vélos. Ce groupe d’experts qui travaille en lien avec la Fub (Fédération des usagers de la bicyclette) rappelle d’abord que le vol n’a rien d’une spécificité française, mais qu’il touche tous les pays industrialisés.

En France, très peu de vélos volés par habitant

Grosso modo, plus la pratique du vélo comme mode de transport est répandue, plus le risque de se faire voler son vélo est grand. Ainsi, c’est au Pays-Bays que l’on recense le plus de vols de vélos (6,6 par an, pour 100 habitants), alors que près d’un tiers des néerlandais sont cyclistes réguliers. Et c’est finalement en France que le nombre de vols par habitant est le plus faible (0,9 par an, pour 100 habitants), mais le vélo représente chez nous une part modale très faible (environ 3%).

Pour autant, tous les Français ne sont pas logés à la même enseigne, les habitants des grandes villes étant plus touchés. Ainsi, à Paris, le risque de se faire voler sa bicyclette est environ 3 fois plus grand qu’ailleurs en France. C’est également le cas aux Pays-Bays, où le risque de vol est 2 fois plus élevé à Amsterdam.

Pour les auteurs de l’étude, cela s’explique de manière très classique : on vole plus facilement les vélos là où ils se trouvent en nombre, mais également dans les territoires les mieux aménagés pour les utiliser. Logique. Car oui, les chiffres montrent qu’une immense majorité des vélos dérobés continueront à rouler dans un périmètre proche de leur point de vol. Très rares sont finalement les vélos alimentant un trafic à plus large échelle, à l’exception de vélos rares ou très chers.

Combien de vols exactement ? Dur à savoir

Les nombreuses instances du vélo cherchent évidemment à connaître le nombre exact de vélos volés chaque année mais il s’agit encore de chiffres difficiles à obtenir avec précision. Ainsi, si le ministère de l’Intérieur recense environ 320 000 vols de vélos par an, le ministère des Transports a, lui, évalué que 570 000 personnes seraient victimes d’un vol de bicyclette chaque année dans le cadre de deux enquêtes menées ces 15 dernières années.

Résultat, on parle souvent de 400 000 vols de vélos par an en France. Un chiffre dont la fiabilité est contestée. Pour cause, seul un quart des victimes de vol porteraient plainte, rendant difficile le suivi statistique de ce phénomène.

Les bonnes pratiques plutôt généralisées

L’étude de l’Adma s’intéresse, évidemment, à la sécurisation des vélos par leurs propriétaires. On y apprend que seuls 1% des vélos sont stationnés sans attache (une invitation au vol, s’il en est…) et 4% sont attachés par une roue. La plupart des cyclistes ont donc adopté de bonnes pratiques : 44% d’entre eux attachent a minima leur vélo par le cadre, et 51% utilisent deux antivols pour sécuriser le cadre et une ou deux roues.

Vous nous entendrez souvent le répéter sur Transition Vélo : un vélo bien sécurisé, c’est d’abord un vélo mieux attaché que ses voisins.

Intéressant, le nombre moyen d’antivols utilisés n’est pas le même pour un vélo de ville récent et un VTT ancien. En effet, il ressort de cette étude que plus un vélo est récent, mieux il est sécurisé. Tandis que les vélos de ville sont globalement mieux attachés que les vélos tout-terrain.

Malheureusement, on ne trouve pas de chiffres détaillés concernant les types d’attaches utilisées, simplement des observations faites en ville, laissant entendre que les antivols de type U – plus chers, plus gros et plus lourds mais plus sécurisants car plus longs à couper à la meuleuse – sont surtout démocratisés dans les villes où les vols sont fréquents.

Il est d’ailleurs intéressant d’apprendre que les victimes d’un vol après avoir attaché leur vélo avec un simple câble abandonnent ce type d’attache dans une immense majorité. A l’inverse, l’utilisation d’un antivol en U passe de 24 à 41% après un vol.

Le deuxième obstacle à l’adoption du vélo

De manière assez paradoxale, alors que le marché du cycle a vu ses prix grimper depuis la sortie de la crise du covid-19 (ce qui peut être un motif de vol), les choses auraient plutôt tendance à se tasser.

Deux explications à cela. D’abord, l’identification obligatoire gravée sur le cadre des vélos neufs vendus depuis 2021 permet un meilleur suivi. Mais aussi, la démocratisation de la géolocalisation et des systèmes anti-vol avancés sur les vélos (surtout les modèles électriques) dissuade une partie des voleurs. Dès lors, si seulement 5% des victimes de vol finissent par retrouver leur vélo selon les données de l’Adma, ce chiffre pourrait progresser favorablement dans les années à venir.

Reste que, malgré tout, le vol est un frein majeur à l’adoption du vélo. Le deuxième, derrière la peur de l’accident, selon les responsables de cette étude. On apprend ainsi que seuls 61% des victimes de vol rachètent un vélo, souvent à un prix inférieur.

Pour accompagner la transition de notre société vers le vélo, il faudra donc réussir à trouver les bons outils afin de limiter le risque de vol. En dehors des technologies et des antivols, l’assurance vélo promet de devenir une solution de plus en plus sollicitée.

A ce jour, la grande majorité des possesseurs de vélos ne savent pas si leur monture est couverte par leur assurance habitation ou l’assurance associée à leur carte bancaire. Et, en 2019, seuls 9,5% des cyclistes réguliers avaient fait le choix d’une assurance spécifique. La plupart du temps, l’assurance de son vélo est une option, généralement facturée une quinzaine d’euros par mois. Mais attention aux contrats trop restrictifs, qui ne couvrent pas les vols survenus la nuit, entre autres.

Les 7 recommandations

Cette étude se conclut par plusieurs recommandations dressées par l’Adma : outre la mise en place d’une vraie politique de lutte contre le vol de vélo et la meilleure prise en charge des plaintes afin d’améliorer la fiabilité des statistiques, l’Académie des mobilités actives milite pour une amélioration du stationnement des vélos, que ce soit en pleine ville ou dans les habitats collectifs. Chaque vélo devrait pouvoir être attaché à un point fixe et sécurisé. Sensibiliser de manière systématique les usagers aux bonnes pratiques de sécurisation de son vélo (ce qui pourrait être fait par les vendeurs lors de la procédure d’identification des cycles) et mener des expérimentations autour du traçage des vélos sont également des pistes évoquées. Enfin, l’étude préconise des actions de prévention et de lutte contre le vol plus ciblées, en exploitant à bon escient les données disponibles sur le sujet.

  • Mis à jour le 28 juin 2023

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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