Label Cyclescore et indice France Vélo : deux indicateurs pour évaluer la production des vélos
La filière française du vélo s’organise pour mieux faire valoir ses efforts en matière de production. Côté Cyclescore, les aspects environnementaux et sociétaux seront valorisés, tandis que du côté de l’indice France Vélo c’est la fabrication française qui sera à l’honneur.
En bref :
- Grâce à une note comprise entre A et E, le Cyclescore permettra de savoir si un vélo respecte l’environnement et les salariés durant sa production.
- L’indice France Vélo notera, lui, sur 5, la valeur ajoutée réalisée en France sur chaque vélo.
- Des indicateurs nécessaires et vertueux, qui ne seront malheureusement affichés qu’au bon vouloir des marques. En espérant qu’ils s’imposent comme un critère important, ce qui incitera un maximum d’acteurs à jouer le jeu.
Les smartphones ont l’indice de réparabilité. Les aliments ont le Nutriscore. Et les vélos auront dès l’automne prochain le Cyclescore. Il s’agit d’un nouveau label imaginé par Decathlon, Arcade Cycles, la Manufacture française du cycle et d’autres « artisans » du vélo made in France (Cyfac, Ultima…). Il bénéficie du soutien de l’Agence de transition écologique et de l’Afnor, organisme spécialiste des normes volontaires.
Donne moi ton Cyclescore, je te dirai quel vélo tu es
L’idée est simple : afficher sur les vélos présentés en magasins – ou sur leurs fiches produits en ligne – un score allant de A à E basé sur deux aspects majeurs : l’environnement et le sociétal. Avec ce Cyclescore, les consommateurs devront pouvoir avoir une idée, en un clin d’œil, du respect de l’environnement lié au processus de fabrication d’un vélo, mais également des conditions sociales de sa production.
Pour l’aspect environnemental, les choses sont assez claires puisque l’indice prend en compte sept critères incluant le matériau du cadre, le lieu de fabrication de ce dernier, la méthode de peinture, la distance parcourue par les composants, la durée de mise à disposition des pièces détachées, la documentation en vue de réparations et la garantie appliquée.
Une notation qui nous semble particulièrement pertinente et intéressante. Nous avons hâte de voir comment s’articule le tableau de notation et à quel point seront pénalisés par le Cyclescore les vélos en carbone fabriqués en Asie, par rapport à des vélos à cadres aciers assemblés en France, par exemple.
Autre aspect du Cyclescore, le volet social. Pour le coup, le travail de notation risque d’être un peu plus difficile mais n’en sera pas moins hyper intéressant, sachant que cela doit aussi bien mettre en valeur les efforts pour limiter les émissions d’équivalent CO2 par le site de production que les conditions de travail et de rémunération des ouvriers (égalité homme-femme, inclusion, etc.).
Quitte à choisir le vélo, autant en chercher un écolo
Une excellente initiative dans la mesure où l’on choisit de plus en plus le vélo pour son aspect écologique (ce que l’on défend corps et âme sur Transition Vélo). Or cette logique perd un peu de son sens si l’on vient à privilégier des vélos venus du bout du monde, difficilement réparables et produits selon des modes de fabrications polluants et non respectueux des travailleurs.
Pour autant, aussi pertinent que puisse être le Cyclescore, il faudra veiller à son utilisation par les marques. En effet, le label reposera sur le bon vouloir des marques qui n’auront aucune obligation de l’afficher. On imagine donc que les bons élèves en feront un argument de vente quand les plus mauvais se contenteront de faire profil bas.
Aussi, si le processus de notation sera scruté, il faudra vérifier qu’aucun abus ou manipulation de la note n’aura lieu. Ce sera le travail de Rozo, société de conseil et labellisateur pour Ecologic, de certifier les dossiers des candidats. « Nous avions 3 exigences, que le label soit accessible aux entreprises les plus petites, que chaque critère soit atteignable, différenciant, et vérifiable et enfin que le label soit obtenu après audit d’un organisme certificateur » explique Florence Gall pour l’Association de promotion et d’identification des cycles et de la mobilité active (APIC), propriétaire de l’indice.
Quantifier la valeur ajoutée « made in France »
L’indice France Vélo, qui est une initiative différente mais pas moins nécessaire, aura lui pour objectif de valoriser la part de la valeur ajoutée des vélos réalisée en France. Cet indice correspondra à une note sur 5 permettant tout simplement de répondre à la question : « à quel point ce vélo est-il français ? ».
Très intéressant dans la mesure où beaucoup de vélos présentés comme « made in France » sont simplement assemblés en France, ce qui n’est déjà pas si mal nous direz-vous. Pour autant, ce message un peu biaisé s’attire les foudres d’acteurs français qui cherchent, eux, à proposer des vélos « vraiment fabriqués en France », s’attachant à le démontrer avec la certification « Origine France Garantie » par exemple.
Si, pour nous qui suivons de près les évolutions du marché du cycle, tout est assez limpide à ce niveau là, c’est loin d’être le cas pour le consommateur qui n’a pas forcément les cartes en mains pour savoir quel vélo est plus ou moins français. Se baser pour cela sur la part de valeur ajoutée apportée en France fait plutôt consensus, ce qui valorise des savoir-faire importants au niveau de la conception mais aussi la force d’assemblage qui crée davantage d’emploi.
Sachant que pour être éligible à l’indice France Vélo, il faut a minima que la conception et l’assemblage soient réalisés en France. Viennent ensuite des critères tels que la peinture et l’origine des composants pour affiner (et augmenter) la note.
Alors bien sûr, tout ne sera pas parfait avec ces nouveaux indicateurs mais au moins le consommateur aura une information fiable sur laquelle s’appuyer lors de son choix, en sachant que si un fabricant ne joue pas le joue du Cyclescore ou de l’indice France Vélo, c’est sans doute parce qu’il ne fait pas beaucoup d’efforts en la matière.
Rendez-vous en fin d’année pour voir fleurir, on l’espère, ces nouvelles étiquettes sur les vélos du marché. Nous en reparlerons sans doute car, une fois les premiers vélos certifiés, une campagne de communication grand public sur le Cyclescore va être lancée.
Sources : Weelz! ; Filière Sport
- Publié le 12 juillet 2024