Vélo et société

Faut-il attendre avant d’acheter un nouveau vélo ?

Depuis l’explosion de la demande en 2020, le marché du vélo a vu ses prix exploser. Toutefois, plusieurs facteurs semblent indiquer qu’une décrue est à venir. Faut-il alors attendre un peu ? Voici des éléments de réponse.

La crise mondiale du Covid aura eu un avantage certain : elle a poussé les gens sur des vélos. Sur le marché européen, les ventes, en volume, ont augmenté de 10 % entre 2018 et 2022 d’après une étude du cabinet EY. Une augmentation qui parait finalement assez contenue, mais derrière laquelle se cachent plusieurs éléments.

Premièrement, la demande a fortement augmenté à une période où la production a été ralentie fortement, voire même totalement à l’arrêt. Les chaines de production ont connu de nettes ruptures et les stocks se sont rapidement épuisés. Résultats, il fallait parfois plusieurs mois pour obtenir un vélo. Les prix ont logiquement augmenté à cause de ce déséquilibre.

Un début d’année difficile pour le marché

D’après ce que nous avons pu entendre aussi bien à l’Eurobike de Francfort qu’aux Prodays à Paris, le début d’année a été morose pour le marché du cycle. La météo est pointée du doigt pour partie. Mais il y a également un problème de stocks. Avec la reprise de la production et la restructuration des chaines d’approvisionnement, ils se sont remplis. Cependant, la hausse des prix n’a pas pour autant été enrayée, surtout sur l’électrique, qui porte la croissance du secteur.

Mais les experts de EY soulignent que le prix moyen d’un vélo électrique devrait passer de 2736 € en 2022 à 2604 € en 2023. L’étude avance que, pour la première fois depuis 2020, les fabricants et distributeurs opèrent à des remises, menant à cette baisse d’environ 5 %. Ces chiffres sont valables pour l’Europe (UE + Royaume-Uni), mais l’étude n’offre pas de chiffres pour la France spécifiquement.

Nous y apprenons tout de même que le prix moyen d’un VAE est très nettement inférieur en France que chez ses voisins. Les Français ont déboursé en moyenne 1962 € pour acheter un vélo électrique en 2022. C’est très nettement moins que les 2800 € de moyenne en Allemagne ou que les 2400 € des Belges, Britanniques et Néerlandais.

L’exception française

Cette particularité tient sans doute en partie à la puissance du réseau multisport (Decathlon, Intersport…) dans l’Hexagone. Les vélos Elops de Decathlon ou Nakamura d’Intersport font partie des plus vendus en France et leur tarif se place souvent entre 1000 et 2000 €. Mais même ces vélos abordables connaissent désormais des remises fréquentes.

Decathlon propose notamment son vélo de ville électrique Elops 900 E à 1099 € et son Riverside Original 920 E à moins de 800 €. Des modèles plus récents comme l’Elops Longue Distance 500 E est proposé à moins de 1500 €, soit 150 € de moins que son prix de départ.

Mais faut-il pour autant se jeter sur la première promo venue ? Pas forcément. Certes, il est possible de faire de bonnes affaires, comme celles citées plus haut. Néanmoins, les nouvelles gammes de vélos, annoncées récemment, ne seront réellement en stock qu’en fin d’année 2023, voire même au printemps prochain.

Avec des stocks de vélos actuellement au plus haut, les remises devraient donc s’intensifier entre la rentrée et la fin d’année. L’occasion sans doute de débusquer des promotions intéressantes, même chez les grands noms du secteur. Moustache par exemple, a récemment proposé une remise de 400 € sur ses vélos électriques.

Une baisse du niveau des fiches techniques

L’autre effet pervers qu’a eu la tension sur les stocks est moins visible pour le profane. Avec des stocks de composants au raz des pâquerettes, les fabricants de vélo ont dû s’adapter. Il arrivait parfait que tout un stock d’un modèle soit bloqué pour un dérailleur ou une cassette introuvable. Pour vendre leurs vélos, les fabricants ont donc pioché dans d’autres gammes, souvent plus basses.

Ainsi a-t-on vu fleurir des vélos électriques équipés de transmissions d’entrée de gamme, inadaptées aux contraintes d’un tel engin. Parfois, ce sont les freins qui étaient sacrifiés. Parfois les deux. Mais ce n’est pas pour autant que les prix baissaient. Trouver un dérailleur Shimano Tourney ou Altus sur un VAE vendu plus de 2000 € est devenu une triste réalité. Non pas que ces produits soient foncièrement mauvais, mais ils sont souvent inadaptés à des vélos électriques et ne peuvent pas encaisser un usage quotidien.

Des bonnes affaires à venir

À tarif équivalent, il devrait donc être possible de trouver des vélos mieux équipés prochainement. Si l’on est bien souvent coincé par un budget figé, mieux vaut ne pas mettre son argent n’importe où et acheter à tout prix. Économiser quelques mois supplémentaires pour trouver un vélo capable de rouler tous les jours, sans que ses composants s’usent trop rapidement est un meilleur calcul selon nous.

Les stocks de vélos sont pleins et ils devront bien être vidés. Mieux vaut rester attentif aux remises qui seront pratiquées lors de prochaines semaines. Cet afflux de vélos neufs sur le marché pourrait impacter le marché de l’occasion en augmentant également le nombre de vélos disponibles et donc faire baisser les prix là encore.

  • Publié le 6 juillet 2023

Journaliste à vélo, expatrié dans le Luberon. Persuadé d'être un sniper de l'humour, qui ne rate jamais sa cible.

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