Coup d’arrêt pour le Plan Vélo ? Un budget à 0 € est à craindre…
Ce serait incompréhensible vus les enjeux et les promesses, mais le gouvernement de Michel Barnier pourrait opérer un tour de vis des finances publiques qui annihilerait les financements du Plan Vélo pour les années à venir. Des craintes légitimes s’expriment et un sursaut parlementaire est demandé.
En bref :
- Les déclarations du président de l’Afit et l’examen des lettres-plafonds du gouvernement laissent présager le pire pour les subventions publiques liées au Plan Vélo.
- Ces investissements, croissants depuis plusieurs années, permettent de financer des aménagements cyclables accompagnant la hausse de la part modale du vélo dans nos déplacements.
- Une partie de ces sommes sert également à subventionner l’achat de vélos par les foyers modestes.
Le Plan Vélo ne fait visiblement pas partie des dépenses sacralisées par un Etat qui veut rectifier la trajectoire des finances publiques à la dérive. Si bien que la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) se joint aux collectivités pour dénoncer ce qui se prépare dans le prochain budget du pays : un budget vélo qui, après avoir atteint 225 millions d’euros en 2023, pourrait retomber à 0 (oui, oui.. 0 € !) en 2024 et 2025.
Le budget en question doit être présenté dans les semaines à venir par le gouvernement de Michel Barnier, mais les craintes sont plus que légitimes à l’examen des lettres-plafonds envoyées aux ministères et à la lecture des déclarations de Franck Leroy, président de l’Afit (Agence de financement des infrastructures de transports). En effet, le budget alloué à l’Afit serait de 3,7 milliards d’euros, en baisse d’1 milliard, entraînant « l’absence d’engagements nouveaux dans le cadre des différents appels à projets lancés« .
Contre toute logique
Si tel était le cas, ce serait un revirement incompréhensible par rapport aux engagements pris en mai 2023 dans le cadre du Plan Vélo courant jusqu’en 2027, prévoyant 2 milliards d’euros d’investissements au total, répartis entre les aides à l’achat pour les ménages les plus modestes, la construction d’infrastructures cyclables et la promotion du vélo comme moyen de transport décarboné.
Pire, cela irait à contresens de toute logique environnementale et économique, à l’heure du défi climatique et alors qu’une filière vélo compétitive est en train de se remettre en route en France. Et ce alors que les effets du Plan Vélo sont tangibles.
Aidée par le regain d’intérêt des Français pour la petite reine en sortie de crise covid, la pratique du vélo a fait un bon considérable dans le pays, comme l’attestent de nombreuses études. Etudes qui confirment que la construction de pistes cyclables est un outil extrêmement efficace pour accompagner les changements d’habitude des citoyens et les (re)mettre en selle.
Des conséquences sociales et économiques
A ce jour, tout est donc gelé. Vous vous souvenez peut-être de l’appel à projet doté de 125 millions d’euros lancé au mois de novembre 2023. 400 communes et collectivités y ont répondu. Elles pourraient finalement ne recevoir aucune aide de l’Etat pour ces projets cyclables.
« Alors que le secteur des transports reste de loin le plus émetteur de gaz à effet de serre avec 34 % de nos émissions nationales, selon le dernier Observatoire Climat-énergie, une étude du CNAM datant du printemps dernier démontre que la pratique du vélo permet d’éviter 2 000 décès par an et que chaque kilomètre parcouru à vélo équivaut à un euro de coût social évité », ajoute la FUB qui en appelle au « sursaut parlementaire » lors du prochain examen de loi de finances. Un budget sous haute tension qui pourrait même valoir une censure au gouvernement en place.
Pourtant, Michel Barnier a été présenté comme un amoureux du vélo par les médias et sa nomination avait été perçue comme un bon signal pour la filière et les pratiquants. Aujourd’hui, nous ne pouvons qu’être en accord avec la conclusion émise par la FUB : « Transition écologique, sécurité routière, santé : les investissements qui ne sont pas réalisés aujourd’hui pour le vélo se paieront le double demain ».
A titre citoyen, nous ne pouvons malheureusement pas faire grand chose à ce stade, si ce n’est interpeler nos députés en les contactant pour leur témoigner de l’importance de préserver les budgets nécessaires au développement du vélo en France.
- Publié le 3 octobre 2024