Aménagements cyclables : à la mairie de Paris, on regrette les freins mis par l’Etat
David Belliard, adjoint aux mobilités à la mairie de Paris, estime qu’une meilleure collaboration avec l’Etat est nécessaire pour avancer plus vite afin d’améliorer la sécurité des cyclistes et réduire les tensions entre usagers.
En bref :
- A Paris, la mairie veut continuer à améliorer la circulation des vélos et réduire les tensions entre usagers.
- Cela peut notamment passer par une meilleure lisibilité des aménagements cyclables, mais l’Etat peut parfois s’y opposer.
- L’adjoint au Maire en charge des mobilités invite alors à plus de collaboration avec l’Etat pour aller plus vite sur certains sujets.
François Durovray, ministre des Transports, a lancé une mission pour lutter contre les violences routières après la mort tragique du jeune cycliste Paul Varry, délibérément écrasé par le conducteur d’un SUV après une altercation. David Belliard, adjoint à la Mairie de Paris en charge des mobilités, s’est lui aussi saisi de ce sordide fait divers qui a mis en émoi la communauté cycliste pour trouver de nouvelles pistes d’amélioration de la sécurité des cyclistes.
Le cas des pistes colorées
En effet, la Mairie souhaite continuer à renforcer son plan de circulation pour les vélos, mais elle se heurte aux freins de l’Etat. C’est le sens de l’intervention de David Belliard auprès de nos confrères du Parisien. « Il faudrait travailler un peu mieux, main dans la main avec l’État, pour avancer sur plusieurs sujets », estime-t-il.
Pour mieux comprendre en quoi l’Etat interfère sur la politique cyclable des villes, quelques exemples pratiques bien précis sont évoqués. Par exemple, la mise en couleur des pistes et voies cyclables avec de la peinture, qui n’est pas possible partout.
« Certaines pistes, notamment les plus anciennes, parce que leur tracé est plus compliqué, mériteraient d’être mises en couleur pour une meilleure cohabitation avec les autres usagers, comme les piétons. Mais nous n’avons pas l’autorisation », regrette l’adjoint.
Or, il est vrai que pour les piétons comme les cyclistes, les pistes colorées facilitent grandement la lecture de l’aménagement. Les premiers voient immédiatement qu’ils marchent sur une piste cyclable et peuvent donc faire preuve de davantage de vigilance, les seconds ont plus de facilité à suivre l’aménagement et à voir comment il se poursuit intersection après intersection.
David Belliard précise, par exemple, que la piste du boulevard Magenta a été mise en couleur, mais que cela s’est fait contre l’avis des Architectes et Bâtiments de France, au terme d’un bras de fer. Car oui, changer la couleur de la chaussée dans des zones classées et protégées nécessite l’aval de ces organes qui dépendent du ministère de la Culture, actuellement sous la direction de Rachida Dati dont l’hostilité aux politiques pro-vélo est connue.
Vitesse, aménagements
Autre sujet pour David Belliard : la vitesse de circulation. « À 50 km/h, un cycliste percuté par une voiture a une forte probabilité de mourir. À 30 km/h, les chances de survie sont plus fortes. Mais sur certains axes et boulevards, la préfecture de police nous a demandé de conserver une vitesse de 50 km/h », explique-t-il. La Mairie de Paris est, on le sait, favorable à une généralisation totale des 30 km/h dans la capitale.
Enfin, l’élu regrette que la Mairie se soit vue interdire par la préfecture de police la possibilité d’élargir et agrandir certaines bordures qui délimitent les voies cyclables. Cela s’explique néanmoins par la nécessité d’accès des véhicules de secours et d’intervention, qui peuvent emprunter certaines pistes cyclables – notamment les plus larges – en cas d’urgence. Pouvoir franchir les pistes cyclables pour ces véhicules est également important dans le cadre de certaines interventions dans les immeubles voisins.
Et David Belliard de terminer en tempérant tout de même le climat tendu entre usagers de la route dans la capitale, rappelant que malgré le drame récemment survenu « les chiffres d’accidentologie ne sont pas mauvais ». « La transition des mobilités crée des tensions qui n’existaient pas avant, c’est vrai. Mais surtout entre piétons et cyclistes. Aujourd’hui, l’utilisation de l’espace public à Paris est plus complexe, mais pas dangereuse », conclut-il.
- Publié le 8 novembre 2024