Test – Winora Yakun R5 Pro : un SUV polyvalent et performant à grosse autonomie

Sur le segment des VTC électriques, Winora installe son Yakun dans la catégorie des vélos à l’aise partout. Solide compagnon des petits trajets du quotidien, il se montre à son avantage lors de balades plus ambitieuses.

Winora Yakun R5 Pro

Présentation

Winora est un fabricant de vélo historique appartenant aujourd’hui au groupe néerlandais Accell. La marque allemande propose des gammes variées, composées de vélos essentiellement destinés à la ville et à la randonnée, qu’ils soient musculaires ou à assistance électrique.

Le Yakun est un vélo électrique de trekking haut de gamme, proposant une capacité de charge totale généreuse (150 kg) et doté d’un équipement très complet. Il est capable d’accompagner les cyclistes dans leurs déplacements quotidiens aussi bien que lors de longues excursions plus aventureuses.

Le modèle que nous testons ici, baptisé Yakun R5 Pro, est tiré de la dernière mise à jour de cette gamme. Il est équipé du nouveau moteur Bosch Performance Line CX (2025). Il est présenté au catalogue de Winora au prix de vente conseillé de 4 499 €. Il se démarque des modèles Yakun X équipés de transmissions à chaîne et dérailleurs par la présence d’une courroie associée à un moyeu à vitesses intégrées.

C’est un gros vélo à tout faire (ou presque) qui est à son aise dans un maximum de situations. On peut à ce titre le qualifier de SUV pour son tempérament baroudeur, le confort qu’il offre à son pilote et la versatilité dont il sait faire preuve.

Les Winora Yakun de dernière génération sont vendus à des tarifs allant de 3 399 à 4 999 € et arrivent à se positionner de manière assez attractive face à la concurrence, à fiche technique équivalente. On pense notamment au modèle le plus haut de gamme, équipé de l’ABS, une technologie souvent réservée à des vélos encore plus onéreux.

Outre la transmission, les différences entre les versions vont se faire sur la capacité de la batterie (de 600 à 800 Wh), le profil des pneumatiques, le modèle de fourche suspendue, etc. Les Winora Yakun sont commercialisés en deux types de cadre (haut ou bas) et en quatre tailles (du S au XL) afin de s’adapter à un maximum de besoins et de morphologies.

Confort

A la découverte du Winora Yakun, la première expression qui nous vient est « c’est du solide ». En effet, le cadre en aluminium (qui bénéficie de finitions soignées) est assez imposant tandis que la manipulation du vélo laisse une forte impression de robustesse, ce que ne dément pas son poids élevé.

Le travail de design réalisé autour du tube de selle donne beaucoup de caractère au vélo, entre la jonction du tube horizontal qui vient prolonger en parallèle les haubans, et un triangle arrière très anguleux. On remarque à ce niveau, côté transmission, une petite ouverture qui permettra de passer la courroie pour son remplacement.

Le travail de peinture tout en dégradé et l’équipement du vélo (très complet, jusqu’au rack avant) finissent de lui donner une véritable personnalité. Mais plus que le style, c’est le confort apporté aux déplacements qui anime la volonté de ce Yakun.

Cela passe par des choix de composants très pertinents pour compenser la rigidité naturelle d’un gros vélo tout en alu. Le premier d’entre eux concerne la fourche suspendue à l’avant, que Winora a été chercher chez SR Suntour avec la Mobie 34.

Une fourche très qualitative offrant 80 mm de débattement, dont le comportement va comme un gant à ce SUV qui bénéficie ainsi d’une très bonne capacité d’absorption des chocs en terrain difficile, avec une réactivité correcte. Nous ne sommes pas sur un VTT mais un gros vélo de trekking qui reste assez pataud, il n’empêche, cette fourche ne démérite pas et participe pleinement au confort général tout en élargissant les possibilités du vélo.

On note que cette fourche intègre l’axe à attache rapide Q-Loc² de SR Suntour ce qui permet de décrocher facilement et sans outil la roue avant pour faciliter la réparation d’une éventuelle crevaison. C’est pertinent dans le cadre d’un usage trekking, un peu plus délicat pour un usage quotidien en ville : il faudra bien veiller à sécuriser la roue avant en l’attachant avec le cadre du vélo.

Certains modèles de Yakun ont recours à une tige de selle télescopique et suspendue. Ce n’est pas le cas de notre modèle, télescopique mais non suspendue. C’est très efficace pour modifier aisément sa position sur le vélo et gagner en liberté de mouvement de temps à autres, lors d’une descente un peu plus technique par exemple. Les tiges de selles télescopiques ont surtout un véritable intérêt en VTT, mais il s’avère que nous leur trouvons aussi un intérêt au quotidien (pour faciliter sa mise en selle par exemple) et lors de longues randonnées (pour varier les positions).

Pour filtrer routes et chemins, l’utilisation de pneus à fort volume d’air est très efficace. Nous sommes ici servis avec des Continental E-Contact Plus Reflex de 62 mm de section (sur des roues de 27,5″). Sur goudron, pistes cyclables et chemins viabilisés, c’est un véritable bonheur. Leur capacité à absorber les chocs est réelle, tandis qu’il s’agit de pneus particulièrement silencieux sur la bande de roulement centrale. Ils sont également très rassurants en courbe et au freinage, y compris sur sol humide.

En revanche, on arrive rapidement à leur limite en s’aventurant sur des sentiers gras et boueux. Ce n’est vraiment pas le terrain de jeu qu’ils préfèrent, bien que le vélo soit volontaire dans ces environnements tant que la route reste bien tracée. Les plus aventureux des randonneurs les remplaceront sans doute pour des modèles équipés de petits crampons afin de gagner en adhérence et en traction.

Les poignées sont relativement confortables en proposant un super grip et une bonne préhension, tandis que la potence réglable en inclinaison finit d’offrir au pilote tout ce qu’il faut pour régler idéalement sa position sur le vélo. La selle, une Vivo Ergo de chez Selle Royal, propose un compromis intéressant entre confort et sportivité : comprenez qu’elle est suffisamment rembourrée pour rester plaisante sur les longues sorties et évasée ce qu’il faut pour ne pas gêner au pédalage et éviter les frottements.

Au global, on évolue donc sur un vélo bien équipé proposant un niveau de confort premium que seule l’option tige suspendue pourra parfaire. Dans le genre, seuls les vélos tout suspendus – comme le Moustache J par exemple – peuvent réellement se targuer de faire encore mieux.

Performances

Pour emmener convenablement un vélo que nous avons pesé à 30,7 kg (taille L) avec tous ses équipements, pédales comprises, il faut pouvoir compter sur un moteur performant. Avec le Bosch Performance Line CX, nous sommes servis. C’est l’un des tous meilleurs moteurs pédaliers de sa catégorie (si ce n’est le meilleur), et il est ici monté dans sa toute dernière version (un poil plus légère, encore plus souple et silencieuse).

Totalement paramétrable grâce à l’application eBike Flow, son comportement peut être finement ajusté à ses préférences. Les quatre modes présents de base sont Eco, Tour+, Auto et Turbo.

Idéalement, sur un vélo aussi polyvalent, on s’évertuera surtout à disposer d’un mode automatique adapté aux longues randonnées, un mode plus économique en énergie dans lequel l’effort est un peu plus poussé lorsque l’on souhaite travailler le cardio, et enfin un mode d’assistance élevé pour faire face aux principales difficultés.

L’agrément de cette assistance est clairement l’un des points forts de ce Yakun qui retrouve une belle vivacité et voit ses capacités être décuplées par la présence d’un bloc moteur aussi plaisant, complet et performant.

Côté pilotage, on a un excellent contrôle du vélo, par ailleurs extrêmement stable. Il faut dire que les pneus lui offrent une excellente assise et que le large cintre de 680 mm permet de garder ses trajectoires très bien en mains.

Au pédalage, notre modèle R5 Pro est équipé d’une transmission à courroie avec un moyeu à vitesses intégrées Shimano Nexus 5. En ville, en balade ou en voyage, on ne se plaindra jamais des avantages de la courroie : silence, longévité, propreté, entretien limité.

Le Nexus 5, quant à lui, tempère un peu les ardeurs du vélo (au même titre que les pneus). On peut passer les rapports à l’arrêt, les cinq vitesses permettent de garder une bonne cadence de pédalage sur toute la plage de l’assistance (et un peu au-delà), mais – forcément – ce n’est pas très précis ou réactif.

Bien sûr, le moteur et ses différents modes d’assistance permettent de gagner énormément en polyvalence, mais on encouragera les cyclistes un peu sportifs à choisir les versions équipées de dérailleurs 10 ou 12 vitesses (les Yakun X10 et X12). Pour les randonneurs qui veulent utiliser leur vélo en ville au quotidien, l’option Nexus 5 reste un excellent choix.

On l’a dit, ce Yakun R5 Pro est téméraire. Comprenez par là qu’il n’a pas peur de grand chose (excepté les passages vraiment très cassants et boueux). Son moteur permet d’avaler les plus grosses côtes sans ralentir, ou presque, et il s’accommodera parfaitement des balades chargées ou du transport de grosses sacoches pleines de courses.

Son freinage est un autre point fort. Equipé de freins hydrauliques Shimano Deore XT venus du monde du VTT, avec des étriers à 2 pistons en céramique, ce vélo profite d’un freinage puissant avec beaucoup de mordant grâce à une course assez courte. Aucun souci de refroidissement avec de gros disques de 203 mm. Quant aux leviers, on adore leur ergonomie qui les rendent très faciles à activer et à doser, même à un doigt.

Equipement

Sur ce Yakun R5 Pro résolument premium, Winora n’a pas fait d’économie sur l’écosystème : on retrouve un grand écran couleur Kiox 500 et une commande de cintre Led Remote. Cette dernière tombe parfaitement sous le pouce et permet de profiter d’un minimum d’informations (mode utilisé, autonomie restante) même lorsque l’on sort sans l’écran, tandis que le Kiox 500 facilement amovible peut servir de clé pour son vélo avec la fonction eBike Lock.

C’est un afficheur très lisible, entièrement paramétrable, qui fonctionne de pair avec l’application Bosch et peut aussi afficher sa navigation de manière agréable (un bon moyen de garder son smartphone dans la poche). On pourra aussi, si on le souhaite, investir dans le SmartphoneGrip de Bosch, son support smartphone maison gérant la charge par induction.

L’application en elle-même est un modèle du genre, améliorant sensiblement l’expérience que l’on peut avoir de son vélo grâce à la connectivité. Notons toutefois que ce vélo n’est, de série, pas équipé du fameux ConnectModule qui permet de bénéficier de la géolocalisation et – donc – de la fonction eBike Alarm. Il est bien sûr possible d’installer ou de faire installer ce module GPS chez un revendeur Bosch. Le kit d’installation est vendu environ 130 €.

SUV qui assume son accent mis sur le confort et la polyvalence, le Yakun R5 Pro est un vélo super bien équipé. Les garde-boues Curana en aluminium sont bien enveloppants et efficaces. Comme souvent, il manque une petite bavette à l’avant pour mieux protéger les chaussures des projections, sachant qu’il est possible d’en ajouter une pour quelques euros.

La béquille est solide, le porte-bagages arrière est à la norme 27 kg et compatible Mik HD, le rack avant amovible exploite une fixation KlickFix protégée par une clé… Les pédales en résine avec une large zone de grip sont plutôt efficaces en ville. Il leur manque des petits picots pour améliorer l’adhérence des chaussures à semelles en caoutchouc lorsque le rythme s’accélère. Mais ce sont globalement des pédales polyvalentes plutôt adaptées à la philosophie de ce vélo. Pour parfaire le tout, la courroie bénéficie d’un garde-chaîne discret.

L’intégration de l’éclairage est, quant à lui, très satisfaisant. On profite d’un feu avant Litemove AC-150 qui permet d’alterner entre deux puissances lumineuses de 90 et 150 lux via un petit interrupteur monté sur la droite du cintre. De nuit, on profite d’une route bien éclairée devant soit, même sur les portions ne bénéficiant pas d’éclairage public. Le cône d’éclairage a l’avantage d’être assez large, tandis que l’inclinaison du phare est bien entendu réglable.

A l’arrière est monté un feu Spanninga Pimento XE intégrant la fonction feu stop. Un accéléromètre présent dans le feu renforce l’intensité de l’éclairage en cas de freinage. Cela renforce la visibilité du cycliste sur la route et l’anticipation des usagers de la route qui suivent.

Seule ombre au tableau, l’absence d’antivol de cadre monté de série sur le vélo. Il n’y a d’ailleurs aucun insert sur les haubans pour en installer un. Plus globalement, il n’y a aucun œillet disponible sur le vélo pour l’équiper davantage. La solution retenue par Winora est l’intégration d’un système de fixation propriétaire du groupe Accell baptisé MRS (Modular Rail System).

Caché derrière un liseré en caoutchouc sur le tube diagonal, il permet d’installer divers accessoires dédiés. C’est esthétique, malin et pratique (cela permet notamment de moduler l’emplacement des accessoires et d’en installer plusieurs), mais on préfère tout de même de bons vieux œillets universels pour monter un porte-bidons ou un antivol. En effet, devoir acheter un adaptateur pour ce faire est un peu ennuyeux.

Autonomie et charge

Bosch a profité de l’arrivée à son catalogue du moteur Performance Line CX de dernière génération pour inaugurer deux nouvelles batteries Powertube de 600 et 800 Wh. Ce Yakun R5 Pro est équipé du modèle proposant la plus grosse capacité.

Cette très grosse batterie mesure 44 cm de long et pèse tout de même 3,8 kg. Un beau bébé qui, malheureusement, n’est toujours pas équipé de petite poignée ou de sangle facilitant son transport. Amovible et protégée par une serrure, cette batterie peut être chargée à distance du vélo ou en restant dans le tube diagonal, le vélo proposant un port de charge directement sur son cadre.

Notons que si le cache en plastique avec des pourtours en caoutchouc protège très bien le bloc batterie et s’intègre joliment au design du vélo, ce n’est pas le cache le plus pratique qu’il nous ait été donné de manipuler sur un vélo électrique. En effet, sa mise en place est un peu capricieuse et l’enclenchement de son petit loquet en plastique pas toujours évident.

Qui dit grosse batterie dit charge assez longue, même avec un chargeur rapide. En effet, le vélo est livré avec un chargeur 4 Ampères, mais il faut tout de même compter près de 5 heures pour réaliser une charge complète de ce modèle. On récupère néanmoins 50 % de capacité en 2h20, ce qui représente déjà une belle quantité d’énergie. Compte tenu de la capacité de cette batterie et de l’autonomie conséquente qu’elle propose, ces temps de charge restent plutôt bons.

Il faut d’ailleurs partir pour de très longues balades afin de tester en conditions réelles l’autonomie de ce Yakun R5 Pro. Sur un cycle de charge complet, en restant tout le temps en mode Turbo (le plus énergivore), nous sommes parvenus à parcourir un peu plus de 85 km. Un test réalisé à la saison hivernale, sur un parcours mixant route et chemins, avec un dénivelé positif modeste de 850 mètres et un pilote d’environ 85 kg (la saison des raclettes a débuté et on est généreux en couches de vêtements par ce temps).

Comme chacun sait, l’autonomie d’un vélo à assistance électrique dépend d’énormément de paramètres qui vont du poids du vélo à la forme du cycliste, en passant par les conditions météo (température, vent), la topographie du terrain, la fréquence des redémarrages ou encore le rendement des pneumatiques. Autant d’aléas qui rendent les résultats difficilement comparables, mais il est de bon ton de constater que réaliser des sorties ou des étapes de 100 km sur une charge est largement à la portée du Yakun R5 Pro.

Selon nos tests et prospectives, on peut même franchement envisager les 110/120 km si les conditions sont bonnes en alternant entre les modes Tour+ et Auto, qui permettent de conserver un très bon agrément moteur et une belle aide au pédalage, sur le plat comme en côte.