Test – Decathlon Rockrider E-ACTV 900 : un vélo électrique simple et polyvalent pour la randonnée

Le Decathlon Rockrider E-ACTV 900 est équipé du moteur maison Owuru qui intègre un variateur et permet de se passer complètement de vitesses. Une véritable révolution ?

Decathlon Rockrider E-ACTV 900

Présentation

Le Rockrider E-ACTV 900 est un vélo tout chemin VTC polyvalent équipé du moteur Owuru développé par la startup belge E2Drive et produit par Decathlon dans sa propre usine à Lille. Nous avons déjà testé ce moteur sur le Btwin LD 920 E. Depuis, Decathlon a apporté quelques corrections pour améliorer encore l’agrément de son moteur qui est l’un des points forts de ce vélo.

Le Rockrider E-ACTV 900 se veut plus confortable que le Btwin 920 E avec une fourche suspendue de 63 mm à l’avant contre 30 mm sur le Btwin et, surtout, des pneus plus larges avec un volume d’air plus important. La potence est également réglable en hauteur. Decathlon a aussi revu le poste de pilotage avec un écran plus classique présentant une interface revue et corrigée.

Pour le reste, le Rockrider E-ACTV 900 est un VTC tout équipé avec des garde-boues, un porte-bagages compatible MIK-HD, une béquille et un carter de chaine, mais il se destine clairement à une utilisation trekking ou randonnée et pas forcément à usage urbain comme nous allons le voir.

Disponible en vert et gris, le Decathlon Rockrider E-ACTV 900 est vendu environ 2700 €, soit 200 € de plus que le Btwin LD 920 E. Il est décliné en deux versions et trois tailles. En version cadre bas, la taille S convient pour les cyclistes de 1m50 à 1m65, M pour ceux de 1m66 à 1m77 et L pour ceux de 1m78 à 1m90. En cadre haut, il est disponible en taille M (1m66 à 1m77), L (1m78 à 1m90) et XL (1m90 à 2m01). Nous avons testé le Rockrider E-ACTV 900 dans sa version cadre ouvert en taille M.

Les vélos à transmission automatique sont rares et surtout chers. Les vélos équipés du moyeu à variation continue Enviolo AutomatiQ ne se trouvent pas à moins de 4500 €, sans parler des modèles beaucoup plus chers comme le Moustache J Enviolo Q (6599 €). En revanche, la plupart des vélos utilisant une transmission automatique sont équipés d’une courroie qui nécessite moins d’entretien tout en restant plus propre (pas de cambouis), alors que le Decathlon conserve une chaine.

Confort

Le Rockrider E-ACTV 900 dispose d’un cadre ouvert en aluminium 6061. Le tube principale intégrant la batterie est particulièrement imposant, mais la ligne du vélo reste sobre. Le cadre offre un enjambement bas à partir de 43 cm, pratique avec un pantalon serré, une robe ou lorsqu’un siège enfant est installé sur le porte-bagages.

Les finitions sont exemplaires sur ce vélo avec des soudures bien réalisées, un passage des câbles en interne et l’absence de dérailleur qui allègent également la ligne du vélo.

A l’avant, on retrouve une fourche télescopique Rockrider Carry à ressort offrant un débattement de 63 mm. Le réglage de la compression se fait très simplement avec la molette située sur le fourreau de gauche qui indique le poids du cycliste. Simple et efficace. On aimerait voir ça sur tous les vélos.

Le gros de l’amortissement se fait avec les pneus Rockrider Protect+ de 47 mm de large montés sur des jantes de 700. Ce ne sont pas des pneus ballon à proprement parler, mais ils disposent d’un volume d’air confortable pour amortir le vélo. Pour les plus gros chocs, on aurait tout de même aimé une tige de selle suspendue en complètement de la fourche. Les pneus sont équipés de deux bandes de protection de 3 mm en caoutchouc et en polyamide, ce qui devraient leur permettre de bien résister aux crevaisons (ils héritent de la meilleure note sur l’échelle Decathlon).

Le vélo dispose d’un potence réglable en inclinaison et donc également en hauteur ce qui permet d’ajuster la position de conduite afin d’améliorer le confort au quotidien.

La selle Explora du fabricant italien Selle Royale est confortable tout en étant assez échancrée pour ne pas frotter les cuisses lors des longues sorties avec un pédalages en cadence. Le milieu est évidé pour limiter la pression sur le plancher pelvien.

La tige de selle est graduée pour faciliter le réglage. Elle est équipé d’un système de serrage rapide, pratique pour ajuster rapidement la hauteur de selle, mais pas vraiment conseillé pour un usage urbain (la selle peut alors se faire voler plus facilement).

Les pédales plates en aluminium sont larges et confortables. Elles offrent un très bon grip avec des chaussures à semelles en caoutchouc comme des baskets ou des tennis. En revanche, avec des chaussures de villes utilisant une semelle en bois, ces pédales peuvent s’avérer glissantes et il vaut mieux se tourner vers des pédales avec un grip antidérapant (voir notre guide sur les pédales).

Le vélo est également équipé d’une potence réglable en hauteur, un réglage quasiment indispensable pour bénéficier d’une position confortable sur de longue distance. A noter que nous avons fait essayer notre vélo en taille M à des cyclistes de 1m50. S’ils étaient sur la pointe des pieds à l’arrêt, le vélo n’était pas si grand que ça. La taille S devrait donc parfaitement convenir aux cyclistes de moins d’1m60.

L’un des points faibles du Rockrider E-ACTV 900 est le manque de confort des poignées. Certes, elles sont fabriquées à partir de matériaux recyclables, mais elles sont beaucoup trop rigides. Elles n’offrent quasiment aucun amorti.

Ce vélo de randonnée est en revanche équipé de cornes de taureaux ou « bar-ends » sur les côtés qui permettent de changer la position des mains sur les longues distances et éviter la fatigue des poignets et des avant-bras, un très bon point.

Performances

Le Rockrider E-ACTV 900 n’est pas le plus léger des vélos puisque nous l’avons pesé à 28,3 kg en taille M, bien plus que les 27 kg annoncés. Le poids est réparti au centre et sur l’avant du vélo. En revanche, l’arrière est très léger.

Le moteur Owuru bénéficie d’une transmission à variation continue CVT bien connu dans le milieu de l’automobile et identique à ce que l’on retrouve sur la Toyota Prius. Conçu par l’entreprise belge E2 Drives et fabriqué en exclusivité par Decathlon pour ses propres vélos, ce moteur Owuru exploite en fait deux moteurs, un premier pour la motorisation et un second pour la variation en continue du développement sans avoir besoin de dérailleur ou de moyeu à vitesses.

Le moteur Owuru reste imposant. Il est bien plus volumineux qu’un moteur Bosch ou Shimano. Il faut dire qu’il embarque aussi le système de variation de vitesse.

Le moteur développe une puissance nominale de 250 W, une puissance maximale de 610 W alors que le variateur assure l’équivalent d’une plage de vitesse de 310 %, soit le même ratio qu’un Nexus 8 vitesses (309 %).

La cycliste n’a qu’une seule chose à faire, choisir la cadence de pédalage à laquelle il se sent le plus à l’aise entre 40 et 90 tours par minute. A 40 tours/minute, on pédale assez lentement en appuyant sur les pédales. A 65 t/min, la cadence est plus souple. Au-delà de 70 t/min, la cadence commence à être élevée et se réserve aux sportifs ou à ceux qui veulent travailler le cardio.

Avec un réglage à 40 t/min, le moteur offre vraiment une très forte sensation de puissance en mode Turbo. On est vraiment propulsé à 27 km/h en quelques mètres. Cette sensation de puissance pour un moteur qui ne délivre sur le papier que 65 nm de couple est grisante. Plus on augmente la cadence, moins cette sensation de puissance brute est présente.

Les algorithmes développés par E2 Drives sont très performants et le pédalage n’est jamais monotone. La société explique qu’elle n’utilise pas une cadence fixe, mais que la cadence réelle varie légèrement autour de la cadence choisie afin de maintenir un pédalage naturel et c’est effectivement le cas.

Toutes les personnes à qui l’on a fait tester ce vélo sont bluffés par la simplicité et le naturel de l’assistance qui peut même s’avérer trop puissante en mode Turbo pour des débutants ou ceux qui découvrent le vélo électrique. Pour ces derniers, les modes Tour (+200 %) et Sport (+300 %) sont conseillés.

Le mode Tour offre une assistance très douce et linéaire, parfaite pour la randonnée. Le mode Sport est un peu plus dynamique, notamment pour les reprises en ville, tout en restant moins brutal au démarrage que le mode Turbo. Enfin, comme souvent, le mode éco (+100 %) offre une assistance légère qui compense le poids du vélo et aide dans les montées.

Une fois maitrisée, la puissance du mode Turbo (+375 %) est un véritable délice en ville avec des accélérations et des reprises franches qui font oublier le poids du vélo. Il reste tout de même très simple d’adapter sa vitesse en appuyant plus ou moins fort sur les pédales puisqu’un capteur de couple est bien évidemment présent.

On arrive tellement vite à 27 km/h que l’on aurait envie d’aller plus vite. Inutile de s’exciter sur les pédales, il est très difficile de dépasser les 27 km/h à la force des mollets. Le moteur n’est clairement pas conçu pour cela et la variation continue n’aide probablement pas la chose.

Decathlon a retravaillé les galets de tension présents derrière le pédalier afin de les rendre plus silencieux. Pour autant, le moteur étant particulièrement discret, ce sont uniquement le bruit de ces deux galets qui se fait entendre et vient parfois gâcher le silence lors des balades en plein air loin de la circulation.

Le moteur émet une vibration que l’on ressent dans le pédalier lors des franches accélérations. Cette vibration intervient toujours aux alentours de 20 km/h. C’est notable, mais pas vraiment dérangeant. Autre particularité, le moteur offre une résistance en marche arrière ou lorsque l’on veut remonter la pédale pour repartir par exemple. Là encore, ce n’est pas grand chose, mais sentir une petite résistance lorsque l’on recule le vélo peut surprendre les premières fois.

Si la plupart des vélos utilisant une transmission à variation continue Enviolo exploitent une courroie, Decathlon a conservé la transmission par chaine. E2 Drives nous avait expliqué que le moteur, tel qu’il est conçu pour le moment, ne fonctionne pas de manière optimale avec une transmission par courroie. C’est à l’étude, mais ce n’est pas pour tout de suite. La durée de vie de la chaine devrait néanmoins être très bonne puisqu’elle travaille toujours dans l’axe. Elle devrait tenir entre 1500 et 4000 km en fonction de l’entretien (nettoyage et lubrification) contre 15 à 20 000 km pour une courroie.

Les pneus Rockrider Protect+ offrent une bonne accroche sur sol sec comme sur route mouillée. Ils permettent également de s’aventurer dans les chemins, mais pas plus. Les crampons ne sont pas suffisants pour s’attaquer au hors piste.

Côté freinage, on retrouve une paire de freins à disque hydrauliques Tektro T280 avec des étriers à deux pistons associés à des disques de 160 mm à l’avant comme à l’arrière. Comme les MT200 de Shimano, ces freins sont réputés pour leur fiabilité et l’efficacité de leur freinage. Ils n’ont aucun mal à stopper le vélo en moins de 3 mètres, même lancé à 27 km/h. Attention tout de même, comme le poids est réparti au centre et à l’avant du vélo. Un freinage d’urgence peut vous faire lever la roue arrière.

Equipement

Le Rockrider E-ACTV 900 est plutôt bien équipé d’origine. On y retrouve l’essentiel pour la randonnée, mais pas forcément pour un usage urbain au quotidien. L’E-ACTV 900 est équipé de larges garde-boues, d’un porte-bagages compatible MIK-HD et d’une béquille latérale, mais il fait l’impasse sur l’antivol de cadre. De plus, les roues sont équipées d’attache-rapides et la selle d’un réglage rapide ce qui ne facilite pas la sécurisation de l’ensemble lorsque l’on gare le vélo en ville. Si vous prévoyez d’utiliser ce vélo comme un vélo urbain, il faut penser à sécuriser les roues et la tige de selle.

Comme souvent, le garde-boue avant ne descend pas assez bas et ne va pas pas protéger efficacement le bout des chaussures et le bas du pantalon lorsque l’on roule sur une route détrempée.

Le porte-bagages compatible MIK HD supporte une charge de 27 kg. Les tubes de 14 et 16 mm permettent d’y placer des sacoches de chaque côté.

Des trous de fixation sont également présents de chaque côté de la fourche afin d’installer un porte-bagages avant.

La béquille latérale permet de stabiliser le vélo à l’arrêt. Decathlon annonce qu’elle supporte une charge de 35 kg sans plus de précision. Elle est suffisante pour maintenir le vélo en place avec des sacoches.

La chaine est protégée par un carter plutôt efficace qui évite que les vêtements ne viennent frotter la chaine.

Le vélo est évidement équipé d’un système d’éclairage obligatoire. On retrouve un feu de 30 lux (faisceau 40° horizontal, 18° vertical) à l’avant tout juste suffisant pour éclairer à quelques mètres devant le vélo en pleine nuit. L’éclairage arrière se contente de 3 candelas (faisceau horizontal 220° et 20° vertical), mais il est suffisant pour être bien visible de nuit.

Les feux sont alimentés par la batterie principale. Ils restent allumés 4 minutes après le retrait de la batterie. En revanche, il faut toujours allumer les feux en appuyant sur le bouton situé sur la tranche de l’écran. Il n’y a pas d’allumage automatique via un capteur de luminosité ou bien encore un réglage permettant d’allumer les feux dès le démarrage du vélo.

En l’absence de vitesse à gérer, le poste de pilotage est sobre. On retrouve simplement la sonnette basique à droite et la commande de l’assistance électrique sur la gauche.

Contrairement au Btwin LD 920 E dont l’écran est intégré dans la potence, l’E-ACTV 900 opte pour un écran déporté plus classique qui permet de changer le guidon et la potence tout en conservant l’écran. L’écran est clair et lisible. Il affiche la vitesse sur le premier écran et de nombreuses informations sur les écrans suivants (autonomie, distance, vitesse moyenne, puissance moteur, puissance cycliste, etc.).

Decathlon propose plusieurs modes d’affichage avec plus ou moins d’informations à l’écran, mais il n’est pas possible de personnaliser l’affichage via l’application pour smartphone.

L’application Decathlon pour iOS et Android permet de remplacer l’écran intégré et surtout d’avoir un historique de ses trajets avec les statistiques (durée, cadence, vitesse, distance, dénivelé). Elle permet également la mise à jour du vélo à distance. Enfin, petit détail agaçant, il faut rester appuyer 3 secondes sur le bouton pour éteindre le moteur, un temps trop long lorsque l’on fait beaucoup d’arrêt. On aurait aimé pouvoir choisir le temps d’extinction dans l’application justement.

L’écran dispose également d’un port USB-C sur la tranche qui autorise la recharge d’un appareil USB, un smartphone, une caméra, etc.

Autonomie

Le vélo est équipé d’une batterie 48V de 14,58 Ah, soit une capacité de 694 Wh. Nous avons pu parcourir 65 km en mode Turbo sur une seule charge en réglant la cadence de pédalage au minimum (40 tours/min) de manière à solliciter au maximum le moteur. Cela vaut pour un cycliste de 80 kg et peu de dénivelé (313 mètres). En mode Sport, vous pouvez compter sur une dizaine de kilomètres supplémentaires et encore 10 de plus en mode Tour. A noter que l’assistance se coupe lorsqu’il reste 5 % d’autonomie. Rouler sans assistance reste possible, mais est fatiguant surtout qu’il faut jouer avec la sélection de la cadence afin d’affronter les cotes.

La batterie est placée dans le tube diagonale. Elle est sécurisé par un verrou à clé.

Une fois la clé tournée, la batterie sort légèrement sans tomber. Une poignée se déplie automatiquement pour faciliter le transport, une très bonne idée dont devraient s’inspirer les autres fabricants, dont Bosch.

Sur la batterie, on retrouve des diodes qui permettent de vérifier l’état de charge sur cinq niveaux. Pratique lorsque le vélo à portée de main pour vérifier rapidement l’autonomie.

La batterie peut-être rechargée aussi bien sur le vélo que seule.

Avec ses 694 Wh, la batterie de l’E-ACTV 900 n’est pas légère puisque nous l’avons pesé à un peu plus de 4 kg.

La chargeur 4A 48V fourni permet la recharge complète de la batterie en 4 heures. La recharge jusqu’à 80 % s’effectue en un peu plus de deux heures.