Test – Bastille : le vélo pliant à grandes roues, roulant et transportable
Le vélo Bastille détonne un peu dans le monde des vélos pliants. Il s’agit d’un modèle avec de grandes roues de 27,5 pouces qui s’adresse avant tout à ceux qui roulent plus qu’ils ne prennent les transports. Le meilleur des deux mondes ?
Pour
- Pliage et dépliage rapide.
- Transmission par courroie.
- 7 vitesses intégrées dans le moyeu.
- Bon rouleur.
- Éclairage avec moyeu dynamo.
- Encombrement réduit pour un vélo pliant à grandes roues.
Contre
- Pédales pas assez rigide.
- Freinage qui manque de mordant.
- Manque de stabilité en position pliée intermédiaire.
- Manque de stabilité une fois tiré.
Le Bastille est un très bon vélo pliant. Moins multimodal que le Brompton, il vise avant tout les cyclistes qui cherchent un vrai vélo que l’on peut plier rapidement pour emporter dans le train ou plus simplement pour le ranger plus discrètement à domicile. Le Bastille bénéficie d’un équipement complet de qualité, d’une transmission par courroie et de vitesses intégrées au moyeu qui en font un compagnon parfait du quotidien avec un entretien réduit au minimum.
Présentation
Le Bastille est assez singulier sur le marché du vélo puisque c’est un des rares vélos pliants avec des roues de 27,5 pouces. Déplié, le Bastille est un vélo tout à fait classique. Il est difficile de déceler son côté pliant. Généralement, les vélos pliants utilisent plutôt des petites roues de 16, 20 ou 24 pouces pour réduire au maximum l’encombrement une fois plié. En effet, un vélo pliant ne peut pas être plus compact que la taille d’une roue, le seul élément qui ne peut être plié.
Conçu par Gilles Henry, également connu pour être l’inventeur de la fameuse poussette Yoyo ultracompacte, le Bastille prend le contre-pied de cette tendance aux mini vélos pliants avec un vélo pliant à grandes roues avant tout pensé pour être stocké à la maison afin d’éviter le vol et la dégradation du vélo en extérieur, mais aussi plus facile à embarquer dans le coffre ou dans le train. Passionné de pliage, Gilles Henry voulait avant tout un vrai vélo, facile à plier tout en gardant un encombrement réduit.
Le vélo Bastille est équipé d’une transmission par courroie associée à un moyeu 3 (Sturmey-Archer) ou 7 vitesses (Shimano Nexus 7). La courroie ne nécessite quasiment aucun entretien et reste propre ce qui est important sur un vélo pliant manipulé dans tous les sens et pouvant être stocké à l’intérieur.
Le Bastille est également très bien équipé d’origine avec une sonnette discrète, des garde-boues et un système d’éclairage alimenté par un moyeu dynamo. Tous ces accessoires ne gênent en rien le pliage du vélo, pas même la béquille en option.
Outre la transmission en 3 ou 7 vitesses, le Bastille est également proposé avec un guidon droit ou un guidon relevé légèrement cintré pour plus de confort.
Disponible en taille unique, le Bastille est affiché à 2590 €, un tarif élevé, mais qui se justifie en combinant les avantages d’un très bon vélo urbain et d’un vélo pliant. En comparaison, un BMC 257 AL THREE avec une courroie et un moyeu Shimano Alfine 8 est vendu 1600 €, le Koga Supermetro avec le même équipement est affiché à 1849 €, le Cube Editor équipé à l’identique est également vendu 1399 € et le Canyon Commuter 6 à 1499 € avec une courroie et un moyeu Shimano Nexus 7. Enfin, l’iconique Cannondale Bad Boy 1 avec courroie, moyeu Alfine 11, mais sans garde-boues est affiché à 2299 €.
Du côté des vélos pliants à courroie, on peut citer le Vello Bike, un vélo pliant 20 pouces équipé d’une courroie et d’un moyeu 8 ou 11 vitesses pour respectivement 2290 € et 2590 €, le Tern Verge P8i (20 pouces large, courroie, Alfine 8) pour 2500 € ou encore l’ovni Strida en courroie, roue de 16 ou 18 pouces et moyeu 3 vitesses pour 2000 €. Enfin, côté vélo pliant à grandes roues, on connait le VTT Changebike bientôt décliné en version gravel dont le système de pliage est tout de même moins pratique que celui du Bastille.
Confort
Le cadre en aluminium du Bastille est fabriqué en France à Angers par Expliseat, une société spécialisée dans la fabrication de sièges d’avion en aluminium. Les tubes ne sont pas soudés, mais emmanchés et collés sur les pièces principales (boîtier de pédalier, colonne de direction et sortie du tube de selle). On peut d’ailleurs voir une légère différence de teintes entre les tubes et les raccords.
Bien que ce soit un vélo avec de grandes roues, le Bastille reste un vélo pliant et se doit d’être assez léger pour être porté. Nous avons pesé notre Bastille tout équipé dans sa version Nexus 7 avec la béquille en option à 16,35 kg, soit 1,15 kg de plus que le Brompton G-Line que nous avions pesé à 15,2 kg.
La grande majorité des vélos pliants ne dispose pas de suspension et se contente d’un cadre rigide (à l’exception du Birdy de Riese und Müller). Le Bastille ne fait donc pas exception et mise avant tout sur le volume d’air des pneus, sa géométrie et sa fourche en carbone pour assurer le confort du cycliste.
Le vélo embarque des pneus Continental Contact Urban avec une section 42 mm, le volume d’air est correct, mais ce ne sont pas des pneus ballons. Bastille a privilégié le rendement au confort. Gonflés à 3 bars, ces pneus filtrent tout de même assez bien les aspérités de la route.
La fourche en carbone permet également de filtrer les vibrations. Le carbone est un matériau très rigide, mais les fibres de carbone sur une fourche sont tressées afin de maximiser la rigidité latérale tout en étant plus souple sur la contrainte verticale pour obtenir un peu plus de confort qu’avec une fourche en aluminium, tout en étant plus légère. En revanche, cette fourche n’a aucun impact sur les trous, ou plus simplement une descente de trottoir, qu’il faut amortir avec les bras.
Le Bastille est disponible en taille unique. Il convient aux cyclistes mesurant entre 1m65 et 1m90. Avec le guidon droit, la position de conduite est plutôt sportive. Avec le guidon relevé, elle est un peu plus droite et plus détendue.
La selle choisie par Bastille a un profil plutôt typé sport, mais reste confortable. Elle est évidée pour réduire la pression sur le plancher pelvien. La selle est montée sur une fixation standard par rail et elle se remplace donc facilement.
Autre élément de confort : les poignées. On retrouve un modèle ergonomique avec un support de la paume de la main pour repartir un peu plus la pression. Ce ne sont pas les poignées les plus confortables du marché, mais elles se marient très bien avec la philosophie et le design du vélo.
Sur un vélo pliant, le confort passe aussi par le pliage
Un vélo pliant est amené à être plié et déplié plusieurs fois par jour, que ce soit pour prendre les transports, le ranger au bureau ou à domicile. C’est une partie très importante du confort d’utilisation au quotidien.
Le pliage du Bastille n’est pas compliqué, mais demande tout de même de faire les premières étapes dans le bon ordre. Un bouton pressoir sous la selle permet de déverrouiller le réglage de la hauteur de selle. On va alors rentrer le tube de selle dans le cadre en laissant la selle vers l’arrière du vélo. En les tournant vers l’arrière, les manivelles se bloquent automatiquement dans la bonne position. Reste ensuite à tourner le guidon à 90° en ouvrant l’attache rapide et en appuyant sur le bouton sous la potence.
La dernière étape, la plus impressionnante et la plus magique, est de replier le vélo sur lui-même. Pour cela, il faut ouvrir la charnière du tube diagonale tout en saisissant la poignée sur le tube de selle. On vient ensuite soulever le vélo par la potence et il se replie sur lui-même de manière fluide sans aucun ajustement supplémentaire. Un clip en plastique vient verrouiller le vélo dans cette position. Il suffit simplement de soulever légèrement le vélo et de le laisser tomber sur la roue arrière.
Dans cette position, le vélo peut être poussé ou tiré. Lorsqu’on le tire de la main droite, il a tendance à venir taper dans les pieds. Il faut bien tendre le bras et éviter de faire de trop grand pas. Les choses s’améliorent un peu lorsqu’on le tire de la main gauche. Cependant, le vélo manque de stabilité lorsqu’il est tiré. Pas de problème sur le quai d’une gare ou dans un magasin, mais sur les trottoirs, la moindre aspérité de la chaussée peut se traduire par un déséquilibre du vélo qui, comme une valise, va se retourner.
Les problèmes de stabilité disparaissent lorsque l’on pousse le vélo. Cependant, il faut jouer du poignet pour laisser le vélo en équilibre sur une roue et cela devient vite fatiguant. C’est tenable une centaine de mètres, pas beaucoup plus.
Avec ses grandes roues, le Bastille n’est pas vraiment un concurrent du Brompton. Le Bastille est un vélo plus transportable que portable. Il sera plié pour rentrer dans le TER, le TGV et occasionnellement dans le RER, mais avec son gabarit, vous ne devriez pas vous attirer la sympathie des autres utilisateurs des transports aux heures de pointe.
Le poids d’un peu plus de 16 kg reste correct pour descendre quelques escaliers, mais pas plus. Heureusement, le portage est facilité par la poignée et la bonne prise en main de la potence. Le plus gros point faible reste selon nous le manque de stabilité du vélo dans sa position pour le faire rouler. Impossible de le laisser dans cette position dans les transports sans le tenir. Il faut opter pour la position de pliage la plus compacte.
Pour atteindre cette position, il faut retirer potence du tube de direction et venir la placer sur le tube de selle sur un support spécifique à côté de la poignée de transport. On vient ensuite placer le vélo sur le côté. Le Bastille est en appui sur le pédalier et le côté gauche du guidon. C’est uniquement dans cette position que le vélo est parfaitement stable.
Le dépliage du vélo est très rapide et plus intuitif. Dans la position de roulage, il suffit de soulever légèrement le vélo et de le laisser retomber sur la roue avant pour déclipser les deux roues. Le vélo s’ouvre comme par magie et il n’y a plus qu’à verrouiller la charnière au niveau du tube diagonal. On tourne le guidon, on relève la selle et c’est parti.
Le réglage de la selle se fait à la première utilisation. On enlève le cache derrière la tige de selle pour serrer la butée à la bonne hauteur. Par la suite, il n’y a plus qu’à tirer la selle au maximum et la rabattre pour la verrouiller. Le système est véritablement bien pensé et efficace.
Plié, le vélo Bastille mesure 87 x 73 x 36 cm de profondeur. On a pu prendre des photos comparatives aux côtés du Decathlon Fold 560 avec ses roues de 20 pouces, du Decathlon Fold Light 1 second, que nous avons testés, avec ses roues de 16 pouces, et également à côté d’un Brompton C-Line avec ses roues légèrement plus grandes que 16 pouces.
Le Decathlon Fold 560 affiche des dimensions de 78 x 66 x 44 cm, le Fold Light de 69,5 x 71 x 35 cm et le Brompton de seulement 64 x 56 x 27 cm, ce dernier est véritablement plus compact que les deux autres une fois plié.
On apprécie tout particulièrement la profondeur réduite de 36 cm, mais le Bastille reste logiquement moins pratique à manipuler dans les transport.
Performances
Le Bastille est certes un vélo pliant, mais c’est avant tout un vélo qui roule bien. La position légèrement engagé avec le cintre droit permet de maximiser le rendement du pédalage. Dès les premiers coups de pédales, on sent que le vélo répond bien et que la géométrie est efficace.
Le Bastille est plus efficace que joueur. Un gros coup de pédale ne vous fera pas soulever la roue avant, le vélo mise avant tout sur le rendement. Pour autant, il reste très maniable dans la circulation.
Parlons tout de suite du gros point négatif de ce vélo : les pédales. En effet, les pédales pliantes en plastique sont les mêmes que l’on trouve sur les vélos pliants Decathlon. Ces pédales manquent de rigidité et se déforment légèrement. On a la sensation que le pied s’écrase sur l’extérieur. Nous n’avions pas trouvé ça choquant sur un vélo à petites roues où la relance en danseuse est moins fréquente, mais sur le Bastille, c’est clairement un handicap. On vous conseillera de passer sur de bonnes pédales pliantes comme les by.Schulz Z.1 ou les pédales détachables Wellgo QRD-II Quick Release M111 (un peu moins pratiques).
Le vélo Bastille exploite une transmission par courroie Gates CDN en nylon et fibre de carbone. La transmission par courroie ne nécessite quasiment aucun entretien si ce n’est vérifier que la tension est bonne. Travaillant dans l’axe, ce type de courroie a une durée de vie comprise entre 10 000 et 20 000 km. Il n’y a ni graisse ni huile et la courroie reste ainsi toujours propre ce qui est un gros avantage sur un vélo pliant qui peut-être stocké à l’intérieur.
Notre modèle de test est équipé d’un moyeu Shimano Nexus 7 disposant de 7 vitesses intégrées avec une plage de 244 %. L’étagement linéaire entre les vitesses est très agréable à l’utilisation. Pour simplifier, en pédalant tranquillement à 60 tours/minute, on obtient une vitesse d’environ 11 km/h sur la première vitesse et 28 km/h sur la dernière.
Sur le plat, le vélo Bastille s’emmène facilement à 27 km/h. Au delà de 30 km/h, il faut commencer à pédaler un peu trop vite pour que cela soit réellement agréable, mais cela dépend de votre conditions physiques et de vos habitudes. Bastille propose également un moyeu Sturmey-Archer à trois vitesses (177 %) plus léger, mais le passage entre chaque vitesse se fait clairement sentir. Il est plus difficile de garder une cadence de pédalage constante et c’est donc moins agréable au quotidien. Le moyeu Sturmey-Archer a l’avantage d’être plus léger (500 grammes de moins).
Le Bastille est équipé de freins à disque hydrauliques Bengale Ares 3 montés avec des disques de 160 mm à l’avant comme à l’arrière. Ces disques sont suffisants pour stopper efficacement le vélo, mais ils manquent un peu de mordant.
Equipement
L’équipement de série de Bastille est plutôt complet puisque l’on retrouve des garde-boues, un porte-sacoches et un système d’éclairage. La béquille est en option et le vélo fait l’impasse sur l’antivol de cadre pourtant pratique pour les arrêts minute. On peut toujours plier le vélo pour l’emmener avec soi, mais ce n’est pas possible ou pratique partout.
Les garde-boues en aluminium sont bien finis et semblent robustes. Ils devraient durer. Comme souvent, le garde-boue avant manque de longueur et d’une bavette pour protéger efficacement le bout des chaussures lorsque l’on roule sur une chaussée détrempée. On pourra toujours ajouter une bavette Ass Savers Toetector ou opter pour des guêtres (Vaude ou Decathlon) si l’on veut protéger ses chaussures des projections d’eau et d’hydrocarbures par temps humide.
Le porte-sacoche discret peut accueillir deux sacoches avec un poids maximal de 15 kg. Il est bien fini et s’intègre parfaitement aux lignes du vélo.
Le vélo intègre un éclairage complet Spanninga personnalisé pour la marque Bastille alimenté par un moyeu dynamo Shutter Precision placé dans la roue avant. Il n’y a pas à se soucier de recharger ou de gérer l’éclairage. Dès que l’on roule, les feux s’allument et ils s’éteignent quelques dizaines de secondes après l’arrêt du vélo. Le moyeu Shutter Precision est réputé pour sa fiabilité tout comme les feux Spanninga. Bastille a fait le choix de composants haut de gamme et c’est tant mieux.
Proposée en option, la béquille permet de stabiliser le vélo à l’arrêt sans avoir à le replier. Elle ne gêne pas le pliage.
Le poste de pilotage est épuré au possible. On retrouve la sonnette sur la gauche et la poignée tournante de changement de vitesse du Nexus 7 sur la droite.
On apprécie tout particulièrement le soin apporté à l’intégration de la sonnette qui se fait très discrète et qui est indispensable et obligatoire.
Tous ces équipements ne gênent en rien le pliage du vélo. On notera par ailleurs qu’il n’y a pas de trous de fixation sur les tubes pour y placer un support de bidon ou d’antivol, mais cela peut se comprendre puisque ces accessoires pourraient empêcher le pliage du vélo. En revanche, il n’y a pas de trous de fixation sur les haubans arrière pour fixer un antivol de cadre alors que ce type d’antivol ne gênerait probablement pas le pliage.
Le fabricant Bastille propose une housse de transport. Elle est obligatoire pour pouvoir faire monter son vélo plié dans le train. La housse se pose au sol puis on vient mettre le vélo dans sa position en « T » par-dessus la housse avant de remonter le tout et de placer le guidon sur son support. On aurait préféré une housse qui s’enfile par le dessus ce qui évite d’avoir à poser la housse au sol, mais Bastille nous assure qu’après plusieurs prototypes, c’est ce modèle qui leur paraissait le plus pertinent.
Conclusion
Pour
- Pliage et dépliage rapide.
- Transmission par courroie.
- 7 vitesses intégrées dans le moyeu.
- Bon rouleur.
- Éclairage avec moyeu dynamo.
- Encombrement réduit pour un vélo pliant à grandes roues.
Contre
- Pédales pas assez rigide.
- Freinage qui manque de mordant.
- Manque de stabilité en position pliée intermédiaire.
- Manque de stabilité une fois tiré.
Note
Le Bastille est un très bon vélo pliant. Moins multimodal que le Brompton, il vise avant tout les cyclistes qui cherchent un vrai vélo que l'on peut plier rapidement pour emporter dans le train ou plus simplement pour le ranger plus discrètement à domicile. Le Bastille bénéficie d'un équipement complet de qualité, d'une transmission par courroie et de vitesses intégrées au moyeu qui en font un compagnon parfait du quotidien avec un entretien réduit au minimum.
Confort
Performances
Equipement
Caractéristiques
-
Prix2590 €
-
Matériau cadreAluminium
-
Diamètre de roue27.5"
-
Type de freinsDisque hydrauliques
-
Vitesses3
-
Chaîne
Courroie Gates
-
Garde-boueOui
-
Antivol de cadreNon
-
Porte-bagageNon
-
Poids15 kg