Test – Decathlon Rockrider E-FEEL 700 S : un des meilleurs rapports qualité/prix du marché

Le VTT électrique Rockrider E-FEEL 700 S semble, sur le papier, avoir tout ce qu’il faut pour être l’un des meilleurs rapports qualité/prix du marché. Un VTTAE développé par Decathlon à moins de 3500 € qui fait très peu de compromis.

Decathlon Rockrider E-FEEL 700 S

Présentation

La grande présence de Decathlon sur le marché du vélo tient en partie à sa capacité à développer aussi bien des modèles d’entrée de gamme que des vélos bien plus évolués, tout en maintenant des prix agressifs. Longtemps Rockrider aura été attendu sur le créneau des VTT électriques tout suspendus. Un segment investi en 2022 avec la gamme E-EXPL, dont nous avons testé le représentant intermédiaire, le 520 S.

Un VTTAE qui nous avait globalement satisfaits, offrant ce qu’il faut d’accessibilité, de performances et de sécurité. Mais Rockrider est ensuite revenu avec une gamme E-FEEL bien plus ambitieuse. Du VTT électrique qui pioche cette fois dans les catalogues des plus grands fournisseurs et qui s’adresse à un public déjà plus averti et en quête de performances.

Dans la famille E-FEEL, il y a le fleuron 900 S Team Edition et son petit frère 900 S « tout court ». Mais celui qui nous semble finalement le plus intéressant, c’est bien le Rockrider E-FEEL 700 S. Ce dernier n’est pas le mieux équipé, mais son rapport qualité/prix promet de frapper vraiment fort.

Shimano EP6 et grosses suspensions

Le 700 S s’appuie notamment sur une motorisation Shimano EP6. Un moteur central qui développe 85 Nm de couple et une puissance de 500 W en crête. Pas ce qui se fait de mieux chez l’équipementier japonais, mais déjà un sérieux client. Un moteur associé à une batterie de 630 Wh et une transmission Shimano Cues 11 vitesses. Ici, pas de frivolité à base de Freeshift ou Autoshift comme sur les modèles 900 S. Decathlon et son équipe Rockrider ont été vers la simplicité, mais certainement pas la médiocrité.

Le Rockrider E-FEEL 700S est pensé pour s’aventurer en montagne. Son moteur le lui permet, mais également ses suspensions. Ici, c’est Rockshox qui est à la manoeuvre avec une fourche 35 Gold et un amortisseur Deluxe Select qui affichent respectivement 160 et 150 mm de débattement. De quoi aplanir le terrain qui défile sous les roues de 29 pouces.

Des roues chaussées en pneus maison Grip 500. Les modèles Grip 900 étaient espérés, mais ceux-ci ne semblent pas encore disponibles à la vente. Des gommes Tubeless Ready de 2,4 pouces de large. Pas ce qui se fait de plus large sur le marché du VTTAE. Le freinage est assuré par des freins à disque hydrauliques TRP Slate Evo à 4 pistons associés à des disques de 203 mm.

Un rapport qualité/prix imbattable

Une fiche technique qui commence donc à avoir de l’allure, même s’il est évidemment possible de faire mieux. Mais il sera en tout cas difficile de faire moins cher à équipement équivalent, car le Rockrider E-FEEL 700 S est positionné à 3499 €. Un prix auquel on trouvera bien peu de concurrents aussi bien lotis, à part peut-être chez des marques disponibles en ligne comme Canyon ou Radon qui parviennent à limiter leurs prix.

En tout cas, il faudra veiller à ne pas confondre le Rockrider E-FEEL 700 S avec le Rockrider E-EXPL 700 S. En effet, ce dernier se retrouve moins bien équipé à tous les niveaux. Il se vend logiquement moins cher aujourd’hui (3199 €) et a pourtant été lancé lui aussi à 3499 €. Le marché du vélo…

Confort

Évidemment, avec un VTT tout-suspendu, le confort est au rendez-vous. Une fourche à l’avant, un amortisseur à l’arrière, le Rockrider E-FEEL 700 S met toutes les chances de son côté pour rendre les trajets agréables. Surtout, contrairement au Rockrider E-EXPL 520 S, la série E-FEEL ne fait pas de compromis.

Decathlon opte pour une fourche Rockshox 35 Gold RL qui offre 160 mm de débattement et un amortisseur Deluxe Select (150 mm) de même marque. Du matériel déjà sérieux, qui permet d’envisager des sorties engagées sur des terrains cassants, même en montagne. Certes, il existe des suspensions encore plus performantes, mais pour le programme d’un tel VTTAE, cela reste largement suffisant.

Même sur des chemins pierreux, bien ravinés par les eaux de ruissellement, le E-FEEL 700 S reste confortable. Les suspensions gomment efficacement les chocs, même à la descente de marches de plus de 50 cm. Nous reprochions au E-EXPL 520S le manque de réactivité de ses suspensions, ce n’est clairement pas un problème ici. La fourche encaisse un choc et se remet en position très rapidement pour encaisser le suivant. Cela donne forcément envie d’engager plus fort dans les descentes.

Il est évidemment important de régler correctement ses suspensions en fonction de son poids. Ici, Rockrider nous facilite la tâche en donnant un tableau directement affiché sur la fourche et sur l’amortisseur. Un réglage du rebond et de la compression à basse vitesse sont également proposés sur ces suspensions, pour ajuster précisément leur comportement en fonction de nos attentes.

En montée, le VTT électrique Rockrider E-FEEL 700S se montre très bon également en éliminant efficacement l’effet cassant d’une racine ou d’un rocher moyen. Il est possible de bloquer la fourche et l’amortisseur pour gagner en rendement, notamment sur l’asphalte. Avec un vélo électrique, c’est forcément moins utile, le moteur compensant largement les pertes dues à l’écrasement des suspensions.

La tige de selle télescopique est un indispensable du VTT. En permettant de baisser la selle, elle offre une bien meilleure mobilité sur le vélo en descente. Plus libre, le bassin trouve une position plus centrale et l’on voltige mieux autour des obstacles. Celle qui équipe le E-FEEL 700 S est un modèle Rockrider qui se montre très satisfaisant. La commande se manipule facilement, la descente de la selle n’oppose aucune résistance et surtout, la remontée est très rapide. Parfait pour les phases de transition lorsqu’on souhaite reprendre le pédalage rapidement. Le débattement offert par la selle diffère en fonction de la taille du cadre : 120 mm (S), 150 mm (M et L), 170 mm (XL).

La selle est également un produit conçu par Rockrider. Nous n’avons rien trouvé à lui reprocher. Elle est ouverte en son centre pour limiter la zone d’appui. Cette selle est suffisamment large pour être bien installé sur les segments roulants, sans contraindre le pédalage.

Le contact avec le guidon est plutôt bon avec les poignées maison. À mains nues, elles se montrent correctement accrocheuses, sans être inconfortables. Nous avons cependant plutôt roulé avec des gants, ce qui élimine quoi qu’il arrive les défauts de beaucoup de poignées.

Nous n’avons pas roulé avec les pédales fournies par Decathlon, ces dernières n’ayant pas été présentes avec notre exemplaire de test. Il s’agit théoriquement de pédales plates correctes. On trouve quoi qu’il arrive de bonnes paires de pédales plates à partir d’une trentaine d’euros chez Crankbrothers. Nous avons pour notre part effectué le test avec une paire de pédales Shimano GR500 qui valent un peu plus de 50 €.

Performances

La gamme E-EXPL était clairement limitée par les motorisations choisies. Avec la gamme E-FEEL, Rockrider avait vraiment à coeur d’offrir des VTTAE sans trop de compromis. Le 700 S est le plus abordable de cette famille et opte pour un moteur Shimano EP6. Un moteur central qui développe jusqu’à 85 Nm de couple et 500 W de puissance en crête. Ce n’est pas le modèle le plus haut de gamme de l’équipementier japonais. Cette couronne revient à l’EP801 qui profite de performances un peu meilleures (pic de puissance à 600 W) et d’un châssis en magnésium plus léger de 200 g.

L’EP6 joue déjà dans la cour des grands et s’aligne sans crainte devant l’un des meilleurs du marché : le Bosch Performance Line CX. Ce dernier offre un couple équivalent, mais grimpe un peu plus haut en puissance. Cela reste quoi qu’il en soit des moteurs de VTT électriques très performants.

Par défaut, l’assistance électrique est proposée sur 4 niveaux : Off, Eco, Trail et Boost. On pourra s’en contenter, ou bien passer par une application pour en compter jusqu’à 15 et affiner leur comportement. Nous y reviendrons. Le mode Eco est exploitable sur les parties roulantes offrant peu de dénivelé. La moindre côte, pour notre condition physique – soyons honnêtes – assez limitée, exige un passage en Trail. Le Rockrider E-FEEL 700 S gagne alors en vivacité et en puissance. Le mode Boost est lui sans concession. Il permet de grimper même les passages abrupts avec une certaine facilité. Les relances deviennent fulgurantes.

Fulgurantes, mais pas aussi brutales que celles qu’offre un Performance Line CX. Le moteur Shimano est un peu plus doux et progressif dans son approche. Attention, il n’est absolument pas en manque de réactivité, il nous semble bien plus adapté à notre niveau de pilotage en tout cas.

Mais ce que nous apprécions vraiment avec le Shimano EP6, c’est qu’il travaille en cadence. Pour être efficace, il demande de tourner les jambes à une cadence supérieure à 80 tr/min. Sans doute un comportement plus agréable pour un vététiste qui vient d’un modèle musculaire (sans assistance). Le pédalage est bien plus naturel et le moteur est en outre plus silencieux qu’un Perf CX. Un vrai coup de coeur.

On est bien loin des performances correctes, mais poussives dans les côtes très marquées, de la motorisation Brose T des E-EXPL 520 S et E-EXPL 700 S. Grimper, c’est bien (surtout en VTT électrique, certes). Mais descendre c’est mieux. Et dans cet exercice, il faut bien reconnaitre que l’équipe de Rockrider passe un véritable cap par rapport à la gamme E-EXPL, là encore.

Le Rockrider E-FEEL 700 S est bien plus amusant à piloter que ses petits frères. Les suspensions y sont pour beaucoup. Leur comportement bien plus réactif pousse à rouler plus vite et plus fort. On survole plus facilement les racines, cailloux et irrégularités des chemins. Les marches sont descendues en confiance, sans craindre de voir la fourche s’écraser mollement.

La géométrie de ce VTT Decathlon en fait un modèle vraiment polyvalent. À la fois sur des rails quand il s’agit d’envoyer et assez précis pour les passages plus techniques. Un VTTAE qui pourra donc convenir à un panel de pratiquants assez large et de niveaux assez disparates.

Jusque là, le tableau semble vraiment parfait et le pari de Rockrider réussi. Toutefois, quelques points sont un peu plus décevants. La transmission, d’une part, qui repose sur un dérailleur 11 vitesses Shimano Cues 6000. Ce n’est pas mauvais, loin de là. Mais compte tenu du programme du vélo, nous sommes restés un peu sur notre faim sur certains passages sous contrainte qui craquent un peu. Nous aurions aimé rouler ce 700 S avec une transmission XT de Shimano, bien plus vive et précise.

Cependant, la gamme Cues de Shimano est assez efficace dans l’ensemble. Elle est surtout taillée pour une utilisation avec des moteurs de VAE puissants qui imposent une forte contrainte sur la transmission. Un choix plus durable, donc. Mais un choix également moins onéreux, ne nous voilons pas la face.

Autre écueil rencontré par cet E-FEEL 700 S : les pneumatiques. Alors que nous les avions trouvés plutôt à leur avantage sur le Rockrider E-EXPL 520 S, les pneus Grip 500 29″ développés en interne nous paraissent ici moins à leur place. Il faut dire qu’avec un 520 S, l’envie d’engager le VTT dans les chemins n’est pas la même. Avec ce E-FEEL 700 S, les limites des Grip 500 se font sentir, notamment en termes d’adhérence sur les sols pierreux et poussiéreux que nous avons affrontés.

Sans doute qu’un passage en tubeless serait déjà une bonne chose. En effet, ce montage sans chambre à air permet de baisser la pression des pneus, pour augmenter la zone de contact et la déformation de la carcasse pour mieux accrocher. Bonne nouvelle, les jantes SunRinglé Duroc et les Rockrider Grip 500 sont compatibles avec ce genre de montage. Il faudra toutefois s’offrir une paire de valves adaptées et du liquide préventif. Les crevaisons sont également censées être moins nombreuses, évitant notamment celles dues à un pincement de la chambre à air.

Nous avions, en même temps que ce Rockrider E-FEEL 700 S, un VTTAE Moustache Samedi 29 Trail 2. Ce dernier était chaussé en pneus Maxxis Assegai montés en tubeless. Autant dire que l’expérience était toute autre à ce niveau-là. D’autant plus avec une section un peu plus large (2,5″ contre 2,4″ pour les Grip 500).

Passé cela, on retrouve une paire de freins à disque hydrauliques TRP Slate Evo. Des modèles à 4 pistons qui mordent des disques de 203 mm aussi bien à l’avant qu’à l’arrière. Sur ce point, nous n’avons rien à redire. Le freinage s’est montré à la fois précis et mordant quand il le fallait. Bonne chose, la garde du frein (la distance entre les leviers et les poignées) se règle très facilement sans outil.

Equipement

L’équipe de Rockrider a choisi un cintre très large de 780 mm pour une taille M. Une largeur qui pourrait gêner les plus petits gabarits, mais qui offre un très bon contrôle de la direction. Un tel VTTAE semble quoi qu’il arrive plus pensé pour avaler les obstacles sous ses roues de 29″ que de les contourner minutieusement.

Les éléments trouvent bien leur place au guidon du Rockrider E-FEEL 700 S. À gauche, le pouce actionne sans mal la commande de tige de selle. Il trouve également la commande de l’assistance électrique Shimano sous la forme d’un petit boitier qui regroupe tous les boutons. Ce boitier a le mérite d’être compact et discret, mais cela n’aide pas forcément à la manipulation, surtout avec des gants.

L’écran couleur Shimano est placé à droite de la potence, à l’intérieur du cintre. Une position qui le rend rapide à consulter et surtout qui le protège parfaitement des chocs et des chutes. Même si l’on retourne le vélo pour bricoler une roue ou la transmission en pleine sortie, l’afficheur reste plutôt à l’abri.

Dommage qu’il manque un peu de lisibilité. L’interface Shimano n’est pas la mieux pensée du marché. Sur ce point, Bosch est très loin devant. Selon nous, l’écran du E-FEEL 700S reste utilisable avec l’affichage de base, qui nous propose la vitesse instantanée, la jauge de batterie et le mode d’assistance. Un autre type d’écran est possible, pour afficher 4 infos à la fois, mais nous trouvons la mise en page très peu lisible. Surtout, il nous a manqué une information cruciale : le pourcentage de capacité de la batterie.

Toute la personnalisation de cet affichage se fait avec l’application Shimano E-Tube. Cette dernière est disponible pour les iPhone (iOS) et les téléphones Android. Là encore, le motoriste japonais fait montre d’une expérience utilisateur médiocre. De la connexion du vélo au paramétrage des modes, rien n’est vraiment pensé pour être agréable à utiliser. L’app Flow de Bosch est à des années-lumière ici.

L’application Shimano ne propose pas d’autres fonctionnalités comme le guidage sur un itinéraire ou l’enregistrement des sorties. Un système finalement très compliqué pour bien peu de fonctions. Heureusement, rien n’oblige à utiliser cette application et l’on pourra se contenter des modes d’assistance prédéfinis par Shimano. Il faudra tout de même penser à y faire un tour de temps à autre pour vérifier si une mise à jour des éléments de l’assistance est proposée.

Petit mot tout de même sur les finitions de ce VTT électrique. Rockrider fait fabriquer le cadre des E-FEEL au Canada. Dans l’ensemble, le 700 S est un très beau VTT, dans l’air du temps. On pourra tout de même regretter le manque de finesse de certaines soudures. Le passage des câbles et gaines dans le cadre se fait depuis le tube diagonal.

Autonomie

Avec une batterie de 630 Wh intégrée au tube diagonal, le Rockrider E-FEEL 700 S promet « jusqu’à 90 km d’autonomie. » Comme souvent, la vérité est toute autre, car ces mesures sont réalisées dans des conditions optimales.

De notre côté, nous choisissons de réaliser nos tests d’autonomie sur le mode d’assistance le plus élevé. C’est ici en mode Boost que nous avons donc effectué notre test. Un mode dans lequel nous avons pu parcourir une cinquantaine de kilomètres, sur un parcours qui totalise environ 900 m de dénivelé positif. Un résultat correct, sans être transcendant, surtout pour un vététiste de 65 kg. Un pilote plus lourd pourra rouler un peu moins.

Cela permet tout de même d’envisager des sorties de 2 à 3 h avec le niveau d’assistance maximal. En utilisant autant que possible les modes d’assistance moins puissants, il sera envisageable d’atteindre les 60 ou 70 km en fonction des parcours.

Le cache qui masque la batterie de 3,7 kg est attachée à ladite batterie. Une bonne chose qui limite les pièces qui se baladent lorsqu’on décide de la sortir du cadre. Une sortie qui se fait très simplement en insérant une clé Allen de 4 mm dans l’orifice prévu à cet effet et en effectuant un quart de tour. Certains regretteront peut-être de ne pas trouver un mécanisme plus sécurisé. N’importe qui pourra retirer la batterie s’il en a l’occasion. Certes, un VTT comme celui-ci n’a pas vocation à passer ses nuits seul, dehors.

Pour charger la batterie hors du vélo, il faut utiliser l’adaptateur Shimano SM-BTE80 fourni. Il permet de connecter le chargeur directement à la batterie. C’est moins pratique que le connecteur unique utilisé par Bosch sur ses batteries et les cadres de vélo. Decathlon fournit tout de même un chargeur 4A plus rapide que le chargeur de base 2A, mais il faut quand même compter 6 heures pour charger complètement la batterie.