Pédaliers défaillants : Shimano, Specialized et Trek cibles d’une action en justice
Aux USA, une class-action s’ouvre contre Shimano. Les plaignants estiment que l’équipementier fait tout pour minimiser le coût d’une défaillance qui met en danger les utilisateurs de ses produits.
En bref :
- Le rappel organisé par Shimano pour inspection et remplacement de pédaliers défaillants n’est pas suffisant selon les dépositaires d’une action groupée en justice
- Specialized et Trek, dont les vélos de route ont été équipés de ces pédaliers, sont également visés
- Les plaignants demandent des dommages et intérêts compensatoires
Une action groupée en justice (class-action) a été ouverte aux Etats-Unis suite au rappel de nombreux vélos organisé par l’équipementier Shimano et les fabricants Specialized et Trek. En cause, la défaillance matérielle de certains pédaliers Shimano pour vélos de route, fabriqués entre le 1er juin 2012 et le 30 juin 2019.
Il s’agit de pédaliers « collés » Hollowtech II 11 vitesses, que l’on trouve dans les gammes Dura-Ace et Ultegra. Au total, 2,8 millions de vélos seraient potentiellement concernés et Shimano a lancé une procédure de rappel mondiale pour « contrôle et remplacement » du composant.
Un rappel insuffisant ?
Sauf que selon cette class-action, ce sont tous les pédaliers Hollowtech qui devraient faire l’objet d’un rappel et pas spécifiquement les modèles isolés par Shimano qui tenterait de « limiter le coût des réparations du problème aux dépens des consommateurs », accuse la plainte. Une plainte qui accuse également Specialized et Trek de « présentation intentionnellement erronée, omission, dissimulation et/ou absence de divulgation de faits importants concernant la qualité, la fiabilité et la sécurité des pédaliers ».
La Consumer Product Safety Commission américaine a recensé plus de 4500 incidents de pédaliers qui se sont séparés sous l’effort du cycliste, et 6 cas dans lesquels cette défaillance est directement la cause de blessures plus ou moins graves.
Shimano précise, dans sa procédure de rappel, que si un pédalier inspecté dans son réseau présente des signes laissant penser qu’une séparation peut arriver, alors il sera remplacé sans frais par un pédalier équivalent. Les pédaliers inspectés ne présentant pas de signes d’inquiétude particulier ne sont pas éligibles à un remplacement.
Une simple inspection visuelle qui ne passe pas
C’est ce point qui laisse les utilisateurs « dans la situation effrayante de devoir rouler sur un vélo dangereux pendant des mois ou des années, en attendant que leur pédalier se sépare et risque de provoquer un accident avant que Shimano ne leur en fournisse un nouveau« , peut-on lire dans la plainte.
D’autant plus que selon les plaignants, il est demandé aux mécaniciens du réseau Shimano de déterminer si un pédalier est à remplacer, ou non, sans les laisser réaliser des tests avancés : « Les mécaniciens vélos sont invités à porter un jugement technique sur la base d’une simple inspection visuelle, sans avoir recours à des tests de résistance à l’effort ».
« Que se passera-t-il, légalement, si un pédalier qui a été inspecté lâche par la suite, causant un accident, alors que Shimano a refusé son remplacement ? », s’interrogent les auteurs de cette action en justice.
Estimant que les acheteurs de vélos équipés de ces pédaliers problématiques ont été lésés financièrement car leurs vélos sont « d’un niveau, d’un grade et d’une qualité inférieurs à ceux présentés », cette class-action demande que soient octroyés aux plaignants « des réparations et dommages compensatoires exemplaires, des pénalités, y compris avec intérêts, pour un montant à définir lors du procès ».
Pour l’heure, ni Shimano, ni les fabricants de vélos incriminés, ne souhaitent s’exprimer au sujet de cette plainte en justice.
- Publié le 14 octobre 2023