Selles

On a essayé l’incroyable selle vabsRider d’Ataraxy

Nous ne pouvions pas rater la selle d’Ataraxy qui ne ressemble à aucune autre sur l’Eurobike 2024. Chanceux, nous avons pu essayer la vabsRider mais aussi nous entretenir longuement avec l’un de ses créateurs, le français Philippe Guichard.

En bref :

  • La selle vabsRider d’Ataraxy BSC est exposée sur l’Eurobike et les visiteurs du salon allemand peuvent poser leurs fesses dessus.
  • L’entreprise a trouvé un partenaire pour la produire et réfléchit actuellement à sa campagne de financement participatif pour lancer la machine.
  • Elle envisage de commercialiser sa selle d’ici à la fin de l’année sur une première série, au prix d’environ 650 $.

Les folles statistiques de notre premier article consacré au projet de selle innovante vabsRider d’Ataraxy BSC sont la preuve qu’il existe un véritable sujet autour des selles de vélo et des maux de fesses que certains cyclistes subissent en pédalant. Si les premiers visuels de cette selle qui ne ressemble à aucune autre avaient eu le mérite de nous interpeler, nous ne cachons pas que nous étions assez dubitatifs quant au fonctionnement du produit, son ergonomie et ses bienfaits.

Mais puisqu’avant de juger, il faut essayer, nous nous étions fixés pour mission de profiter de la venue des fondateurs d’Ataraxy et inventeurs de cette selle à l’Eurobike 2024 pour poser nos postérieurs dessus. Mission réussie, nous avons pu rouler sur un vélo équipé de la selle vabsRider et échanger longuement avec Philippe Guichard, l’un des deux créateurs du projet qui vit aujourd’hui à Melbourne mais se trouve être français.

Quatre ans de travail et une annonce fracassante

L’occasion de revenir d’abord sur l’intérêt de cette selle scindée en deux parties oscillantes qui vient accompagner le mouvement des jambes en empêchant la pression de s’exercer au niveau de la zone pelvienne.

La selle vabsRider de l’entreprise Ataraxy BSC.

« Quand on fait du vélo, 80 % du poids du cycliste est supporté par la selle et forcément, plus ou moins rapidement, cela peut entraîner un inconfort, une gêne et des douleurs. Robin Macan, l’ingénieur australien que j’ai rejoint sur le projet, avait imaginé ce concept de selle mais il nous a fallu beaucoup de travail ces quatre dernières années pour réussir à arriver au dernier prototype que nous montrons aujourd’hui », nous explique Philippe Guichard.

Ataraxy BSC se rapproche en effet de la commercialisation de sa selle vabsRider et vit cette période de manière d’autant plus enthousiaste que les premières communications sur le produit ont eu l’effet d’un tsunami : « On a commencé à montrer la selle, à expliquer le concept, et grâce aux relais des médias comme le vôtre, on a reçu des dizaines de milliers de messages venant du monde entier et nous demandant comment on pouvait se procurer la selle. C’est incroyable, ça prouve que nous sommes dans le vrai en répondant à une vraie problématique ».

Tant et si bien que l’entreprise réfléchit actuellement à la meilleure manière de transformer ce projet en réussite industrielle. A ce jour, elle a trouvé – à Taiwan – un partenaire capable de la produire à grande échelle en respectant à la lettre le cahier des charges et en atteignant le niveau de qualité recherché. Pour autant, c’est une chose de partir sur une série de 1000 selles en vue du lancement d’une campagne de financement participatif, mais c’en est une autre d’envisager des séries beaucoup plus importantes.

« On travaille beaucoup sur tout ça actuellement. On pense à intégrer des paliers à notre crowdfunding, par exemple pour valider le fait que l’on puisse proposer des pads de différentes densités ou de différentes largeurs, pour offrir plus de variété à notre offre et répondre aux attentes d’un maximum de gens. Mais on a aussi été approchés par fabricants de vélos qui sont intéressés et qui nous parlent de quantités beaucoup plus importantes. Les choix que l’on va devoir faire vont être très importants », reconnaît Philippe Guichard.

Des clients cibles très différents

On ne résiste pas à lui demander à qui s’adresse en premier lieu cette selle. Selon les études réalisées par l’entreprise, la vabsRider va surtout intéresser les néocyclistes du quotidien, souvent à vélo électrique, mais aussi les hommes de plus de 50 ans et les femmes, notamment celles qui ont déjà eu des enfants. Il y a aussi de l’intérêt de la part des salles de sport.

« On se rend compte à travers nos études qu’il y a de très nombreuses personnes pour qui la selle est un frein à la pratique du vélo. Elle génère vraiment de l’inconfort chez certains et, parfois, suite à une maladie, une opération, un accident, les gens ne peuvent tout simplement plus pédaler sur une selle traditionnelle. C’est la raison pour laquelle on a reçu des messages de gens prêts à nous payer plusieurs milliers d’euros pour recevoir un prototype de la vabsRider, espérant pouvoir refaire du vélo comme avant », nous explique le créateur.

Nous avons pour notre part la chance de pouvoir faire du vélo sans problèmes particuliers sur une selle classique. Il n’empêche, l’envie d’enfourcher le vélo d’essai équipé de la vabsRider était très fort. Tour à tour, Tanguy, Rémi et moi-même avons roulé sur cette selle et, ce qui est intéressant, c’est que nous avons chacun eu des impressions différentes. Il faut dire que le vélo était un peu trop grand pour Rémi et qu’il aurait fallu prendre le temps de tout régler pour optimiser cet essai, ce qui n’est pas forcément possible dans le cadre d’un salon comme l’Eurobike.

Un essai déroutant, mais de la liberté et de la légèreté

La mise en selle est évidemment le moment le plus déroutant, si bien que l’on a tous instinctivement commencé à pédaler debout sur les pédales pour nous lancer avant de venir poser nos fesses sur la selle. Et là, pour le coup, nous sommes unanimes : la première impression est ressentie est la liberté au niveau de l’entrejambe et une sorte de légèreté ressentie sur le vélo. Pour le coup, c’est assez bluffant.

En pédalant davantage, on trouve une meilleure position et on commence à analyser l’incidence de la selle sur sa position sur le vélo, sur son pédalage, l’engagement des hanches, etc.

Tanguy a ressenti un grand soulagement au niveau des fesses mais une pression plus importantes à l’arrière des cuisses, sans que cela ne soit réellement dérangeant. Rémi a mis du temps à accepter de s’assoir réellement sur la selle mais une fois qu’il a accepté d’y laisser reposer son poids, il a apprécié le support fourni et le mouvement de balancier qui est agréable et qui fait oublier le fait que la selle soit aussi bizarre. Quant à moi, j’ai eu l’impression de ne plus tout à fait faire du vélo mais d’avoir à réaliser un autre effort, en ayant perdu pas mal de force pour appuyer sur les pédales.

On distingue ici les différents points de réglage de la selle, notamment son inclinaison et son recul.

« Vos ressentis reviennent régulièrement et il faut avoir conscience que les sensations et l’efficacité de la selle dépendent beaucoup de ses réglages », commente Philippe Guichard. Il est vrai qu’outre un réglage de la hauteur de selle, cette dernière permet de régler l’oscillation des deux « pads » (le cisaillement) ainsi que l’inclinaison. Aussi, à terme, trois largeurs devraient être proposées pour que les clients puissent obtenir un modèle adapté à leur morphologie. « Il suffira d’utiliser un carton, de s’assoir dessus, de prendre quelques mesures et un tableau vous indiquera la taille la plus adaptée », nous explique-t-on.

Un prix cible de 650 $ au lancement

Pour sûr, la selle vabsRider est un produit qui devrait intéresser beaucoup de monde. L’enthousiasme concernant ce projet va-t-il retomber lorsque le prix de vente visé va s’ébruiter ? Ce n’est pas impossible, sachant que l’on parle tout de même d’une selle dont le tarif cible est d’environ 650 dollars !

On est bien sur un produit de niche assez onéreux. « C’est sûr que cela peut être dissuasif pour certains et on espère pouvoir baisser ce prix cible avec le temps, en produisant de plus grandes séries notamment. En tout cas, on ne veut pas déroger à la qualité du produit et il y a sur le marché des selles ergonomiques très différentes de la nôtre, mais qui trouvent leur public autour des 500 $ », indique Philippe Guichard.

De notre côté, on aimerait vraiment pouvoir essayer sur un vélo que l’on connaît bien, avec une selle parfaitement réglée, et ce sur de longues sorties pour pouvoir nous faire un véritable avis sur le produit. Ca tombe bien, nous devrions pouvoir en récupérer un exemplaire d’ici à la fin de l’année. Vous pouvez compter sur nous pour ne pas lâcher le sujet et nous faire un avis complet et définitif sur la vabsRider d’Ataraxy dès que possible.

  • Publié le 4 juillet 2024

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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