Vélos électriques et risques d’incendies : la Bicycle Association serre la vis
Au Royaume-Uni, la sécurité des batteries de vélos électriques est un sujet brûlant après plusieurs départs de feux aux conséquences tragiques. Pour mieux protéger – et rassurer – les consommateurs, les professionnels durcissent le ton.
En bref :
- Au Royaume-Uni, le risque d’incendie des batteries de vélos électriques est un sujet qui préoccupe les autorités et va faire l’objet d’une loi spécifique.
- En attendant, la Bicycle Association – représentant les vélocistes britanniques – prend des mesures et incite les revendeurs à la clarté.
- Elle les invite notamment à ne proposer à leurs clients que des vélos électriques de marques réputées, respectant toutes les normes en vigueur, et proposant des systèmes électriques complets et vérifiés.
Les problèmes de sécurité potentiels liés aux batteries de vélos électriques n’ont pas forcément faits les grands titres en France mais au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, de multiples drames provoqués pas des incendies mettant en cause ces batteries encouragent les autorités à prendre des mesures de protection des consommateurs.
Pressés d’agir par les pompiers londoniens, les acteurs du marché du cycle anglais s’évertuent à améliorer la prévention de ces risques. En effet, la London Fire Brigade estime que les batteries de vélos et de trottinettes sont actuellement « le risque d’incendie qui progresse le plus vite ». Il faut dire que – très populaires – de plus en plus de vélos et trottinettes électriques sont en circulation, multipliant d’autant le risque. Certaines compagnies refusent même dorénavant d’assurer des boutiques spécialisées installées en Grande Bretagne.
C’est dans ce contexte que la Bicycle Association (BA) a été sommée de prendre position. Et si la majorité des incidents répertoriés mettent en cause des véhicules de seconde main et/ou modifiés par leurs propriétaires, cela n’empêche pas le premier représentant de l’industrie du cycle britannique de prendre le problème très au sérieux.
La réputation, un critère majeur
La BA a ainsi déclaré : « les vendeurs de vélos électriques doivent se tenir prêts à démontrer qu’ils proposent des produits réputés ayant été testés sérieusement ». Interrogée par eBikeTips, l’association a – par la voix de Peter Eland, son directeur technique – ajouté que les vendeurs sont invités à « garantir que les vélos électriques qu’ils vendent sont tout aussi sûrs que les autres appareils et véhicules utilisés quotidiennement et fonctionnant à l’aide d’une batterie électrique ».
D’autres associations professionnelles du cycle au Royaume-Uni prennent également des mesures. C’est le cas de l’Association of Cycle Traders (ACT) qui s’est associée à la BA pour faire circuler une feuille d’information auprès des revendeurs, mais aussi – et surtout – de leur clientèle. L’idée étant de clarifier les choses.
Dans celle-ci, sont considérés comme « très sûrs » les vélos complets achetés chez un revendeur certifié avec un document de conformité, d’une marque réputée, livrés avec un chargeur et une batterie d’origine et utilisés selon les instructions du fabricant. A l’inverse, les systèmes électriques installés par l’utilisateur ou achetés directement à l’étranger et ne respectant pas les normes UK/EU, utilisant des batteries et chargeurs de différentes origines ou des batteries endommagées et dont les instructions d’utilisation sont manquantes ou incomplètes, sont considérés comme « pouvant présenter un risque d’incendie ».
Pas d’intervention sur les vélos suspects ou bidouillés
« Il faut bien sûr que les revendeurs aient, eux-mêmes, des politiques de sécurité exemplaires en ce qui concerne les systèmes électriques et il me semble que la plupart des magasins refusent de toute manière d’intervenir sur des moteurs et batteries non réputés ou d’origine suspecte voire inconnue, ce qui fait partie des précautions de base. Il est également nécessaire d’avoir un circuit efficace de traitement des batteries en fin de vie », ajoute Peter Eland.
Nous avons, de notre côté, régulièrement posé la question de l’entretien ou des modifications de vélos électriques aux moteurs et batteries singuliers aux vélocistes que nous fréquentons et connaissons bien. Ils nous ont toujours expliqué ne pas vouloir travailler sur de tels vélos, aux composants inconnus ou de faible réputation. Beaucoup nous disent voir fréquemment arriver en atelier des « trucs pas possibles » sans vouloir prendre le moindre risque en y mettant les mains.
Une première loi en approche, une seconde espérée
Une loi devant réguler plus précisément les systèmes électriques des vélos et trottinettes électriques est attendue outre-Manche. Les représentants du marché ont déjà fait savoir qu’ils y étaient favorables afin de limiter les risques d’incendies aux conséquences potentiellement tragiques. L’idée étant, aussi, de rassurer d’éventuels acquéreurs refroidis par les incidents ayant eu échos dans la presse. Des acteurs du cycle qui, au passage, ne se plaindront pas de voir la pression s’accentuer sur les vendeurs de vélos importés d’Asie ne respectant ni les normes, ni les législations en vigueur dans nos contrées.
Enfin, pour finir sur le sujet, la BA invite le législateur à se pencher également sur le cas des vélos électriques utilisés par les livreurs « ubérisés » qui utilisent leurs propres vélos pour travailler et qui, très souvent, sont équipés de vélos peu chers débridés ou capables d’outrepasser les limites de vitesses légales. L’association espère que ce problème sera réglé par un second texte de loi. On croise en effet, en France aussi, beaucoup de fatbikes chinois à gâchette roulant à bien plus de 25 km/h sans pédaler avec un sac isotherme de livraison à l’arrière…
- Publié le 29 juillet 2024