Le Forfait Mobilités Durables s’installe sans (encore) s’imposer
La troisième édition du baromètre du Forfait Mobilités Durables (FMD) montre que le dispositif continue à séduire entreprises et salariés, mais reste encore à ce jour trop peu connu.
En bref :
- Deux employeurs sur trois du secteur privé ne connaissent toujours pas le Forfait Mobilités Durables.
- Pourtant, lorsqu’il est déployé, le dispositif séduit les salariés.
- Certains militent pour un rehaussement du seuil défiscalisé et une simplification administrative.
Dans le jargon, on l’appelle le FMD. Trois initiales qui désignent le Forfait Mobilités Durables, un dispositif (facultatif) que les entreprises sont invitées à mettre en place depuis fin 2019 afin de prendre en charge une partie des frais de déplacement domicile-travail de leurs salariés.
Défiscalisé dans la limite de 800 € au maximum, le FMD doit encourager le recours à des mobilités alternatives à la voiture individuelle. Il concerne, ainsi, le covoiturage, les solutions de locomotion en libre partage (de la voiture électrique à la trottinette), les transports en commun (hors abonnement) mais aussi les engins personnels (gyropodes, skateboards, trottinettes) et donc – évidemment – nos chers vélos !
Un dispositif qui séduit, quand il est connu
Chapeauté par le ministère de la Transition écologique et soutenu par l’Ademe, le Forfait Mobilités Durables continue à s’installer dans le quotidien des salariés mais peine à se démocratiser, comme le démontre la troisième édition du Baromètre FMD (dont les résultats sont dévoilés par Via ID).
On y apprend qu’à fin 2023, seul un tiers des employeurs du privé interrogés connaissaient l’existence du dispositif. C’est encore bien trop peu, même si les retours des entreprises informées sont généralement favorables. En effet, parmi elles, 29% ont déjà déployé le FMD et 36% ont validé son déploiement futur. Au total, 46% des entreprises qui ne l’ont pas encore fait prévoient de proposer le FMD à leurs salariés à terme.
Des statistiques encourageantes même si le travail de pédagogie et d’accompagnement n’est pas terminé. A ce jour, encore 2 entreprises sur 5 ne trouvent pas « utile » la mise en place de ce dispositif. Il faut dire qu’il n’est connu que par 13 % des décisionnaires chez celles qui ne l’ont pas encore déployé.
De plus en plus de salariés y ont recours
Or, selon ce baromètre, la moitié des salariés a – au moins partiellement – recours au FMD lorsqu’il est proposé. Dans 39 % des entreprises, la part des salariés y ayant eu recours en 2023 a progressé. Logique compte tenu de la nécessité de décarboner nos déplacements, dans le contexte de crise énergétique qui maintient des prix élevés, notamment pour les carburants.
Notons que le montant moyen annuel alloué au FMD par employé est assez stable, de l’ordre de 420 €. Aussi, 72 % des entreprises permettent de cumuler le FMD avec la prise en charge obligatoire d’une partie des abonnements aux transports publics.
Chez les employeurs, on réclame surtout un relèvement des plafonds de défiscalisation et une simplification de la mise en place du FMD. Quatre entreprises sur cinq disent, ainsi, avoir rencontré des difficultés à sa mise en œuvre (pièces à rassembler en vue des contrôles Urssaf, manque d’informations claires et pratiques, etc.). Dans 18 % des cas, le principal frein évoqué concerne l’enveloppe budgétaire à y allouer.
A l’inverse, chez les entreprises proposant le FMD, 40 % l’ont fait pour répondre à une attente d’accompagnement des salariés, 35 % pour améliorer leur pouvoir d’achat et 33 % pour valoriser une démarche favorable à l’environnement.
Le vélo en bonne place, mais il y a encore à faire
Si le vélo (qu’il soit à assistance électrique ou non) est le mode de transport le plus proposé au titre du FMD, il n’arrive que deuxième (derrière les transports en commun) au niveau des modes les plus fréquemment déclarés par les bénéficiaires du forfait.
Parmi les conclusions de ce baromètre, on note que ce dispositif de soutien aux mobilités alternatives n’est pas encore assez connu et qu’il est nécessaire d’en faire encore la promotion auprès du secteur privé afin qu’il puisse renforcer son impact sur l’empreinte carbone des organisations. On constate, aussi, la bonne acceptation des PME qui sont souvent favorables au déploiement du dispositif et le mettent en place rapidement.
A notre niveau, on ne peut regretter qu’une chose : que l’incitation aux mobilités alternatives ne se fasse que sous un angle financier avec ce dispositif. Le vélo, on le sait bien, a beaucoup d’autres vertus que le simple fait d’être plus écologique que la voiture : il est plus économique, plus durable et bon pour la santé, physique comme mentale.
Il mérite donc, à notre sens, une plus grande mise en valeur dans le cadre d’un dispositif comme le FMD, avec – pourquoi pas – l’engagement de réflexions au sein des entreprises sur la place du vélo, la mise en place de parkings sécurisés, de lieux de rangement pour les équipements, d’espaces permettant de régler de petits problèmes mécaniques ou encore de vestiaires et de douches.
On remarque, aussi, que le versement du FMD est très souvent basé sur le déclaratif et conditionné au nombre de jours de pratique ou au kilométrage supposé. C’est plus simple pour son calcul mais cela ouvre aussi le système à certaines dérives qui éloignent le dispositif de son objectif initial qui est d’encourager réellement le recours à des modes de transports vertueux.
- Publié le 10 février 2024