Brompton certifié B Corp, bullshit ou vrais engagements ?
Le label B Corp certifie les engagements éthiques, responsables et vertueux des entreprises à but lucratif. L’incontournable « B » britannique, j’ai nommé Brompton, vient de l’obtenir.
En bref :
- Brompton, marque reine du marché du vélo pliant et premier fabricant de vélos britannique, vient d’obtenir la certification B Corp.
- Ce label, qui valide les efforts environnementaux et sociétaux des entreprises privées, nécessite d’obtenir a minima la note de 80/200. Brompton a eu 85,1 pour sa certification.
- En s’engageant pour un fonctionnement plus vertueux, Brompton se met sur une voie qui l’obligera, à l’avenir, à continuer à améliorer ses pratiques industrielles.
Dans le milieu du vélo, le « B », c’est Brompton. Mais dans le milieu des affaires, le « B » fait surtout référence à B Corporation, généralement appelé « B Corp ». Un label octroyé aux sociétés commerciales par un organisme indépendant sans but lucratif (B Lab), validant leurs efforts éthiques, environnementaux et sociétaux. Une « norme » révisée tous les 18 mois, attribuée aux seules entreprises obtenant un score suffisant (la notation complète est publique), qui a l’objectif de les engager sur le chemin de la durabilité et de l’intérêt général.
Label payant, mais label intéressant ?
Présenté comme ça, cela sonne très caution marketing un brin bullshit. D’autant plus que les frais de certification peuvent être assez élevés (de 500 $ pour de petites structures, ils peuvent monter à 50 000 $ pour les grandes entreprises). On pourrait ainsi se dire qu’il suffit de payer pour afficher un beau macaron « B Corp » et s’enorgueillir d’avoir un fonctionnement éthique. Pour autant, obtenir a minima 80/200 à l’évaluation d’impact B pour pouvoir être certifié B Corp n’est pas une mince affaire.
Moins de 8000 sociétés sont certifiées dans le monde et, souvent, le processus oblige les entreprises à réaliser de véritables efforts dans un nombre important de domaines afin d’obtenir la certification de l’organisme. La plupart du temps, elles doivent même convoquer une Assemblée Générale afin de modifier leurs statuts et y inscrire, noir sur blanc, leur redevabilité envers la société et leurs engagements environnementaux.
Pour cette raison, il ne faut pas non plus minimiser l’investissement du fabricant britannique Brompton, mondialement connu pour ses vélos pliants, pour l’obtention du label « B Corp » qu’il vient d’obtenir.
Des efforts documentés et certifiés
Une avancée évidemment saluée en des termes élogieux par Will Butler-Adams, patron de l’entreprise : « Après avoir fabriqué un million de vélos, nous pensons qu’il est temps d’élever la voix et de faire la lumière sur notre époque. Depuis la révolution industrielle, trop d’entreprises nuisent à notre planète et aux communautés qui y vivent, en prétextant le profit et la valeur actionnariale. Ce modèle à bout de souffle n’est pas durable. Nous sommes loin d’être parfaits mais voulons emprunter la voie de la transformation vers une organisation viable sur le long-terme pour continuer à contribuer à la liberté et au bonheur des communautés urbaines ».
Personne ne se plaindra de voir le plus grand fabricant de vélos britannique s’engager sur une voie plus vertueuse. Mais même le patron le reconnaît. « Nous sommes loin d’être parfaits », écrit-il. Et effectivement, si les 80 points sont dépassés au barème B Corp, Brompton a obtenu la note de 85,1 grâce à des efforts importants, qu’il lui faudra maintenir et accentuer à l’avenir.
Au terme de ce processus, Brompton livre quelques commentaires et constatations intéressantes, d’un point de vue industriel mais aussi social. Il condense ses efforts en cinq axes.
Production responsable et salaire minimum
D’abord, réduire l’impact de sa production. Un domaine dans lequel Brompton dit avoir réduit les déchets de son usine londonienne de 50%, en recyclant 62% de ses déchets solides et en ayant recours à 95% aux énergies renouvelables. L’eau est également un sujet majeur. Brompton recycle l’eau utilisée lors du lavage des composants, mais admet avoir encore beaucoup à faire pour réduire sa consommation. L’entreprise s’engage également à bannir tout plastique de ses conditionnements et va généraliser l’utilisation d’emballages consignés pour les livraisons des fournisseurs.
Côté social, Brompton est certifié London Living Wage : aucun de ses employés est payé moins que 13,15£ de l’heure, taux horaire défini par cet organisme devant garantir un niveau de rémunération adapté au coût de la vie dans la capitale anglaise. L’entreprise insiste également sur les nombreuses formations qu’elle met en place en interne.
Les bienfaits du vélo comme socle
La partie sociétale est, elle, plus vague, mais pas moins importante. Brompton insiste sur son rôle pour « faciliter l’accès aux vélos » et « favoriser la santé et le bien-être ». On peut tiquer quand le Brompton le moins cher (A Line) est vendu 1200€. L’entreprise en a bien conscience et pointe donc la pérennisation de son offre de location (49€ par mois), mais aussi le développement de la location à la journée et toutes les initiatives qui permettent d’utiliser un Brompton « partagé ». Ces offres sont assez nouvelles mais auraient déjà permis d’éviter le rejet de 208 tonnes d’équivalent CO2.
La partie bien-être est plus facile à aborder pour Brompton. Sur un vélo, on pédale. Et comme chacun sait, l’activité physique – peu importe sa durée et son intensité – a toujours un effet bénéfique sur la santé. Mieux, il est également scientifiquement prouvé que faire du vélo est bon pour la santé mentale et est un excellent moyen de lutter contre le stress. Dans ce domaine, le fabricant n’a eu aucun mal à démontrer les bienfaits liés à l’utilisation de ses vélos auprès du label B Corp.
Idem niveau environnement, le vélo entrant dans la catégorie des mobilités actives à favoriser pour décarboner les transports.
Faire mieux chaque année
Enfin, son adhésion au programme a poussé Brompton a publier son premier rapport annuel RSE (pour Responsabilité Sociétale des Entreprises). Là encore, on pourrait penser que ce n’est que du vent. Mais en réalité, les entreprises qui font annuellement un état des lieux de leur activité en des termes RSE sont poussées, chaque année, à présenter un bilan qui s’améliore. On constate que dans les faits, c’est souvent le détonateur qui permet d’acter la mise en place de politiques et pratiques plus vertueuses, intégrant notamment les problématiques écologiques dans les discussions des comités de direction. Raison pour laquelle le dernier axe de sa communication est « s’engager dans le futur ». Lorsque l’on entreprend une telle démarche, il est difficile d’en sortir. Tant mieux.
« Une bonne entreprise est plus que le produit qu’elle vend. La culture, les choix, les partenaires et les valeurs que nous défendons sont tout aussi importants (…) Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais être certifié B Corp contribue à ancrer ces engagements dans notre culture », résume Oscar Benjamin, responsable RSE chez Brompton.
- Publié le 12 janvier 2024