Vélo et société

La Commission européenne s’engage solennellement pour le vélo

Dans une déclaration en 8 grands points clés, la Commission européenne acte de l’importance du vélo dans la planification de l’Union. Des engagements majeurs, qui ne devront pas rester de vaines promesses.

En bref :

  • Reconnaissant le rôle majeur que le vélo peut jouer dans la construction des sociétés de demain, la Commission européenne s’engage
  • Infrastructures, investissements, sécurité, inclusion sociale, développement économique, santé publique, aucun grand thème lié au vélo n’est oublié
  • Signée par une majorité des pays membres, cette déclaration doit encore se transformer en législations, normes et politiques concrètes

Dans une déclaration du 4 octobre 2023, la Commission européenne a tenu à prouver son engagement en faveur du développement du vélo dans les pays de l’Union.

Reconnaissant le rôle majeur de la bicyclette dans l’inclusion sociale, le développement économique (le vélo représente quelques 1000 entreprises et 1 million d’emplois dans l’UE), la réduction des gaz à effet de serre ou encore la lutte contre la sédentarité et ses méfaits, la Commission souhaite plus que jamais promouvoir ce moyen de transport économique, écologique, silencieux et non polluant.

Elle s’engage à œuvrer pour toutes les formes de vélos, des petits pliants aux cargos géants. Elle admet, aussi, que pour atteindre son plein potentiel, le biclou devait être au cœur des politiques publiques de transports, qui nécessitent moyens, planification, communication, allocations d’espaces publics, infrastructures adaptées et règles sécurisantes. Ce n’est pas nous qui allons la contredire !

Un Green Deal à pédales

« Un niveau d’investissement approprié est une condition préalable à l’amélioration significative des conditions de circulation des cyclistes et à l’entretien des infrastructures », déclare la Commission, avant d’ajouter : « Outre des infrastructures plus sûres telles que des pistes cyclables séparées et des stationnements sécurisés, tout doit être mis en œuvre pour sécuriser l’ensemble des usagers de routes partagées avec les cyclistes. La formation et l’éducation, par exemple dans les écoles,
peuvent également contribuer à améliorer la sécurité des cyclistes »
.

Signée par une majorité de pays membres après le vote d’une résolution favorable au vélo en février 2023, cette déclaration doit être la pierre angulaire d’une politique ambitieuse permettant à l’Europe de respecter ses engagements en matière de climat, dans le cadre du Green Deal.

Cette déclaration comprend au total huit chapitres. Sans tous les détailler, sachez que la plupart des aspects qui nous tiennent à cœur chez Transition Vélo sont abordés par le texte. Il est par exemple question de prioriser les mesures favorables au vélo dans les plans de mobilité soutenable, de multiplier les politiques incitatives et de promouvoir le vélo comme un moyen de rester en bonne santé.

Selon plusieurs études, les économies qu’une pratique plus soutenue du vélo pourrait permettre en termes de dépenses de santé publique dans nos sociétés se chiffrent en dizaines de milliards par an et par pays. Quant en termes d’inclusion sociale, le vélo est – pour la Commission – un excellent moyen de contribuer à l’autonomie de nombreuses personnes exclues du tout voiture.

Des standards d’aménagements à définir

Bien sûr, promouvoir la pratique du vélo ne peut se faire qu’en améliorant significativement les infrastructures pour les cyclistes, en leur attribuant plus d’espace, en créant des réseaux dédiés et pertinents, des places de stationnement sécurisées, des pistes séparées ou encore des points de recharge pour les vélos à assistance électrique. Mieux, la Commission milite pour la mise en place de standards européens qui définiraient des normes techniques à respecter, pour les voies cyclables ou autres.

Améliorer la sécurité des cyclistes sur les routes est l’une des priorités évoquées dans cette déclaration, au même titre que la mise en place de financements à tous les échelons des gouvernances, nationales et locales.

Emploi et potentiel touristique

D’un point de vue économique, le vélo est également vu comme un aubaine pour l’Union qui souhaite créer les conditions d’une industrie européenne du cycle souveraine et performantes, créatrice d’emplois et de valeur, de la fabrication à l’entretien. Un volet économique complété par le potentiel touristique du vélo, qui ne cesse d’être démontré ces dernières années. Une approche multimodale est à ce titre évoquée, et pas seulement en milieu urbain ou péri-urbain, mais également dans des régions plus rurales.

Enfin, last but not least, la Commission souhaite que soient créés des systèmes de collecte de données permettant de chiffrer et d’évaluer les effets des politiques publiques pro-vélo. Elle constate qu’à ce jour, trop rares sont les indicateurs du développement du vélo, or il est important – à la fois pour motiver les investissements mais aussi améliorer leur pertinence – d’avoir accès à des données exhaustives concernant la pratique du vélo dans nos sociétés. Elle évoque alors des indicateurs harmonisés et comparables à l’échelle européenne.

« On aime le vélo, et moi, je l’adore »

Il ne reste qu’une chose à faire : prier pour que ces déclarations de bonnes intentions soient suivies de réels efforts à la hauteur de l’enjeu. Nous espérons, à ce titre, que l’Elysée prendra le temps de relire les principes de cette déclaration, et que le vélo ne sera plus oublié lors des prochaines prises de parole présidentielles concernant la planification écologique, la réindustrialisation ou la santé publique.

On peut « adorer la bagnole«  tout en ayant conscience qu’un avenir plus radieux côté transports se construira aussi – et surtout ? – à deux roues.

  • Publié le 7 octobre 2023

En banlieue parisienne, ce quadra père de 2 enfants pratique le vélo au quotidien de manière (assez) sportive, sur route et en dehors. A des envies de longues randonnées à la découverte de nouveaux paysages.

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