Bastille, le grand vélo pliant par l’inventeur français de la poussette Yoyo
Le premier vélo pliant de Bastille Cycles est en vente. Un vélo de ville tout ce qu’il y a de plus normal en apparence, mais qui se plie. Explications.
En bref :
- Le Bastille se plie en 10 secondes pour réduire son encombrement malgré des roues de 27,5″
- Son système de pliage innovant imaginé par l’inventeur de la poussette Yoyo est protégé par 3 brevets
- Vendu 2590€, il pèse 15 kg, propose 3 vitesses et est équipé d’une transmission à courroie
Ce jeudi 5 octobre est un grand jour pour Bastille Cycles : son premier vélo, le « Bastille », entre en phase de précommande. Cela fait 8 ans qu’il est en développement. Il est le fruit de trois brevets déposés pour protéger le système de pliage et a nécessité deux levées de fonds pour un total de 10 millions d’euros.
Gilles Henry, son créateur – qui se trouve aussi être l’inventeur de la très compacte poussette Yoyo – n’a pas peur de le présenter comme un vélo « révolutionnaire ». Ce n’est évidemment pas la première fois que l’on entend cela dans le monde du vélo, mais il est vrai que le Bastille innove.
Sa force ? Prendre le moins de place possible une fois plié, tout en étant un « vrai » vélo de taille normale lorsqu’il se déplie. Il est vrai que sur le marché du vélo pliant, l’immense majorité des acteurs fabriquent des vélos équipés de roues de 16″ (comme l’incontournable Brompton), voire 20″. L’idée étant de proposer un vélo réellement transportable et facile à stocker.
Bien plus rares sont les marques à tenter l’aventure du pliant de grande taille, sur un segment presque anecdotique. Cela ne fait pas peur à Bastille qui croit dur comme fer en son concept, misant sur un vélo tout à fait normal en apparence, sans compromis sur l’esthétique, dont on a du mal à imaginer qu’il puisse se plier. Et pourtant, en quelques secondes, le vélo se replie sur lui-même et réduit grandement son encombrement.
Le meilleur des deux mondes
Pour Gilles Henry, la place que prend le vélo à stocker est un vrai frein à son adoption par certains, tandis que d’autres peuvent être frustrés par le confort et les performances moindres des vélos à petites roues. C’est là qu’intervient son Bastille, qui entend offrir le meilleur des deux mondes. « Le Brompton est un superbe vélo mais pour une ville avec des pavés ou pour ceux qui ne veulent pas d’un vélo à petites roues, il faut proposer une alternative », explique-t-il aux Echos.
En voyant le créateur plier son vélo, on se rend compte que la manœuvre sera un jeu d’enfant après quelques essais. Il suffit de faire basculer la selle en arrière et de tirer un levier présent le tube diagonal pour déverrouiller le vélo afin de le replier. On peut ensuite désolidariser la potence qui tient à l’aide d’un collier à serrage rapide, et replier une pédale pour terminer l’opération.
Le Bastille s’en trouve réduit à sa taille minimale en une poignée de secondes. « Une dizaine de secondes une fois que l’on a pris le coup », promet l’inventeur selon lequel les plus rapides de ses collaborateurs n’en mettent que six. On peut ensuite soit le faire rouler, soit prendre le Bastille par une poignée.
L’opération inverse est tout aussi simple et rapide. En bonus, un système mémorise la bonne hauteur de tige de selle. Bien vu. En quelques secondes le vélo est prêt à rouler. A noter, le vélo tient debout tout seul une fois plié et sera livré avec une housse de transport, pour faciliter ses déplacements (notamment en train).
15 kg, 3 vitesses et courroie Gates
Mais ce Bastille, c’est d’abord un vélo de ville. A ce titre, sachez qu’il pèse environ 15 kg, garde-boue et éclairages compris. Au cas où vous vous posiez la question : non, il n’est pas électrique.
Son cadre diamant (en taille unique, 1,65 à 1,90 m) est en aluminium et il est muni de roues de 27,5″ (650). Il est également équipé de freins à disque et fait le choix d’une courroie plutôt qu’une chaîne pour assurer sa transmission, afin de faciliter l’entretien du vélo. Il propose 3 vitesses grâce à l’intégration d’un moyeu Sturmey Archer, et c’est une dynamo sur le moyeu avant qui se charge d’alimenter les éclairages intégrés aux garde-boue.
Assemblé en France (par Cycleurope, dans l’Aube), le Bastille adopte un nom bien français, facile à prononcer à l’international (« où les problématiques de place et de vol sont les mêmes que chez nous », rappelle Quentin Bernard, directeur général). Un nom évocateur de la « libération » qui sied bien au projet selon son concepteur, le vélo étant – on ne va pas le contredire – un formidable outil d’émancipation.
Quel accueil pour ce Bastille à 2590€ ?
Eligible aux primes à l’achat d’un vélo pliant, le Bastille peut dorénavant être commandé au prix de 2590€. Vendu d‘abord en ligne, il sera également distribué chez des vélocistes partenaires, qui pourront en assurer l’entretien.
Reste à voir quel sera l’accueil réservé à ce Bastille. Et quand on parle d’accueil, on parle non seulement de succès commercial auprès du grand public (pour un vélo pliant qui se positionne sur le haut-de-gamme), mais également d’accueil d’un point de vue sociétal.
Si le vélo pliant type Brompton est très bien accepté par les usagers du RER ou les restaurateurs, et qu’il est un parfait compagnon de voyage en train, c’est parce qu’il est très petit. Le Bastille, lui, même plié, reste beaucoup plus encombrant. Heureusement, le curseur d’acceptation du vélo dans la société ne cesse de grimper. Le Bastille arrive donc, peut-être, au bon moment. En tout cas, on a hâte de pouvoir le tester.
Gilles Henry, 63 ans, passionné de techniques de pliage
Cet ingénieur de formation se lance, en 2006, dans les premiers croquis d’une poussette pliante vraiment compacte. Six ans plus tard, en 2012, Babyzen (l’entreprise qu’il cofonde) met sur le marché la Yoyo. Le succès est immédiat. Cette poussette à l’encombrement très réduit une fois pliée fait le bonheur des parents en quête d’espace, heureux de pouvoir profiter d’un produit agile en ville, facile à stocker et à transporter.
Dès 2015, Gilles Henry se met à penser vélo. Il les regarde, les observe. Les normaux, les pliants. Et se met au travail pour inventer un nouveau système de pliage. Deux ans plus tard, il commence à recruter des spécialistes du cycle, et se met à travailler avec le fondateur de la marque de cadres Cycles Victoire, Julien Leyreloup. Bastille Cycles est créée en 2018 et une vingtaine de personnes se retrouvent à œuvrer sur ce premier vélo.
Petite confession de l’inventeur : « Cela a été plus difficile à innover sur le pliage du vélo sans faire de compromis que sur la poussette, dont le système de pliage n’avait pas évolué depuis 40 ans avant la Yoyo ».
Sources : Les Echos (Start) ; Weelz
- Publié le 5 octobre 2023