Pourquoi les vélos Dott ont quitté Londres au profit de Paris et Rome
Privé d’agrément d’exploitation dans un quartier londonien, Dott se dit contraint de se retirer de la ville entière, la faute à la barrière virtuelle créée qui lèse ses utilisateurs.
En bref :
- Dott se retire du marché des vélos en libre service à Londres
- Ses vélos électriques sont redéployés dans d’autres capitales, Paris et Rome
- C’est la conséquence d’un marché fermé à deux acteurs exclusifs dans un quartier de la ville
Si Dott fait partie, avec Lime et Tier, des opérateurs lésés par l’arrêt des trottinettes électriques en libre service à paris, l’entreprise continue d’y exploiter sa flotte de vélos. Une flotte qui accueille d’ailleurs de nouveaux vélos auparavant proposés à la location à Londres.
En effet, l’entreprise a décidé de se retirer du marché des vélos en libre service dans la capitale britannique, estimant que la situation n’y a « plus aucun sens ». Selon le directeur opérationnel de Dott, Henri Moissinac, « presque chaque location dans le centre de Londres aurait donné lieu à une plainte (…) nous avons donc choisi de nous retirer ».
Agréments d’exploitation exclusifs
Mais à quoi fait-il allusion exactement ? La raison de son mécontentement est à chercher du côté d’un accord passé au mois de mai dernier entre le Camden Council – qui siège à la mairie de Londres – et les entreprises Forest et Lime. Elles se sont chacune engagées à hauteur de 429 000 £ afin d’obtenir un agrément d’exploitation de 2 ans pour leurs vélos électriques dans ce quartier du « Great London », où l’on trouve notamment la British Library et le British Museum.
C’est cette situation que Dott qualifie de « régulation inexplicable », qui n’est bonne « ni pour le businness, ni pour les utilisateurs ».
Le Camden Council justifie sa décision de limiter les opérateurs autorisés à louer des vélos dans le quartier pour en contrôler les nuisances (et notamment le stationnement anarchique dont se plaignent les riverains). « Cela va nous aider à contrôler la quantité de vélos dans le quartier, et nous assurer qu’ils sont correctement garés. Nous pouvons nous assurer grâce à ce contrat que les opérateurs mettront des amendes aux gens qui stationnent mal les vélos », expliquait Adam Harrison, responsable de l’environnement au sein du conseil.
Forest et Lime se sont également engagés à augmenter sensiblement le nombre de points d’encrage et de recharge de leurs vélos électriques dans cette partie de la ville, ce qui améliorera par ricochet le stationnement de ces « ebikes ».
Une barrière virtuelle qui coupe la ville en deux
Pour en revenir à Dott, rien ne l’empêche de continuer à proposer ses vélos à la location dans le reste de la ville. Sauf que – et c’est bien là tout le problème – ses vélos seraient obligés de couper leur motorisation lorsqu’ils circulent dans les arrondissements représentés au sein du Camden Council. D’où les plaintes d’utilisateurs évoquées par le directeur de l’entreprise, qui a fait face à des retours négatifs dès l’annonce de l’accord signé avec ses concurrents.
Cet accord crée une situation qui, de l’extérieur, paraît en effet extrêmement contraignante pour les autres opérateurs. S’ils restent autorisés à proposer leurs engins à la location en dehors de ce quartier, leurs vélos ne peuvent être stationnés dans son enceinte en fin de location et subissent une coupure de leur assistance électrique lorsqu’ils le traversent.
« Il n’y a rien de logique là-dedans. L’utilisateur se retrouve bloqué avec une sorte de barrière virtuelle entre un quartier et un autre de la ville. Ils coupent la ville en deux de cette manière, et le Camden Council impose de fait une décision qui pèse non seulement sur son territoire, mais aussi en dehors », peste Henri Moissinac.
Traitement différencié pour les vélos et trottinettes
Il faut également savoir qu’un seul organisme, TfL, régule à 100% les opérateurs de trottinettes électriques en libre service dans l’intégralité du Grand Londres. « Nous serions derrière TfL à 100% si nous avions un schéma combiné pour les trottinettes et les vélos en libre service, avec les mêmes barrières virtuelles et les mêmes règles pour tous les acteurs du marché, dans l’intégralité de la ville », ajoute le patron de Dott, qui fait partie des trois opérateurs de trottinettes agréés (avec Lime et Voi).
Voilà donc les raisons pour lesquelles les 2500 vélos exploités à Londres par Dott ont commencé à être rapatriés et redéployés à Paris et Rome (sans que l’on ne sache dans quelles proportions).
« Nous souhaitons continuer à travailler en étroite collaboration avec TfL et les autres opérateurs pour continuer à développer ces services qui encouragent davantage de personnes à abandonner leur voiture au profit d’alternatives durables qui contribuent à la réduction de la pollution et des embouteillages à Londres », conclut Henri Moissinac.
Source : Evening Standard
- Publié le 5 octobre 2023