Morts prématurées et maladies chroniques : les bienfaits du vélo démontrés
Laisser sa voiture au garage pour pédaler sur les trajets courts est un excellent moyen de rester en bonne santé et de prévenir le développement de maladies chroniques.
En bref :
- Le vélo est un médicament au potentiel insoupçonné. Une étude démontre que même un faible report modal favorable à la bicyclette sur de courts trajets peut avoir des bénéfices importants.
- Le développement du vélo ouvre des perspectives médicales intéressantes pour l’avenir, puisqu’il évite des morts prématurées, des maladies chroniques, et permet des économies substantielles pour le système de santé.
- « Créer des infrastructures cyclables, c’est une politique de santé publique » déclare l’un de ses auteurs.
Développer les modes de transport actifs que sont le vélo et la marche, c’est bon pour la sécurité sociale. C’est ce que démontraient, il y a quelques mois, deux chercheurs français. Selon eux, même dans le cadre d’une croissance modeste, vélo et marche ont le potentiel de prévenir 10 000 morts prématurées par an en France, de quoi générer quelque 34 milliards d’économie pour le système de santé à l’horizon 2045. Et ce sans évaluer les bénéfices sanitaires, avec des gens qui pourraient vivre plus longtemps en bonne santé.
Un report modal bon pour la planète, bon pour la santé
Kévin Jean, épidémiologiste et maître de conférence au Conservatoire national des arts et métiers, et Philippe Quirion, économiste et directeur de recherche au CNRS, récidivent. Selon eux, reporter 25 % des trajets courts (moins de 5 km) de la voiture vers le vélo permettrait de doubler les bénéfices actuels des mobilités actives sur la santé de nos concitoyens.
S’appuyant sur les données d’une enquête de l’Insee sur la mobilité des personnes publiée en 2019 (14 000 répondants) et notant que la part modale du vélo en France est encore très faible (inférieure à 3 % cette année là, quand elle dépasse 15 % au Danemark et aux Pays-Bas), ils ont pu réaliser des statistiques montrant que 2 000 décès prématurés auraient pu être évités, ainsi que 6 000 maladies chroniques.
Les chercheurs se sont notamment concentrés sur cinq pathologies fréquemment développées dont la science a montré qu’elles ont un lien très fort avec le niveau d’activité physique : cancers du sein et du côlon, démence, diabète, maladies cardio-vasculaires. En partant du principe qu’un quart des courts trajets se reportaient sur le vélo, ils ont calculé que 3 743 cas de diabète de type 2 auraient pu être évités, ainsi que 1 578 cas de problèmes cardio-vasculaires.
1 km de vélo = 1 € en « coût santé »
Et encore, Kévin Jean estime que les bénéfices sanitaires évoqués pourraient être sous estimés. « Nous n’avons pas pu inclure des pathologies comme la dépression, où les bienfaits de l’activité physique sont aussi prouvés » précise-t-il.
Economiquement, sur la seule année 2019 prise en compte dans l’étude, cela représente au total 191 millions d’euros d’économies en coûts médicaux directs (soins, hospitalisations, traitements, etc.). 4,8 milliards d’euros si l’on prend en compte la valeur monétaire attribuée par la société à la vie humaine. De ce point de vue là, chaque kilomètre de plus parcouru à vélo vaudrait donc environ 1 € en « coût de santé ». Et ce sont les hommes qui en profitent le plus, les (néo)cyclistes masculins captant 75 % des bénéfices de santé calculés par cette étude.
Comme le résume Kévin Jean, cité par Le Monde : « Créer des infrastructures cyclables, dont on sait qu’elles favorisent les pratiques, notamment chez les femmes, c’est une politique de santé publique« .
Vue l’accélération des politiques publiques favorables au vélo et la prise de conscience en cours sur la nécessité de développer les mobilités actives pour améliorer la santé des gens tout en réduisant l’empreinte carbone de leurs déplacements, les deux chercheurs sont plutôt optimistes sur les bienfaits à venir du vélo dans nos sociétés. D’autant plus que d’autres études l’ont montré, ce n’est pas parce que l’on pédale moins fort sur un vélo électrique que ce dernier n’a pas de bénéfices sur la santé, bien au contraire.
Source : Etude (preprint)
- Publié le 25 février 2024